[Société] VIDEO – Le gouzou fait de la prévention contre les addictions, qui pourraient continuer à augmenter après le déconfinement

Les chiffres sont surprenants, selon ce sondage Odoxa en France début avril, mené sur un panel de plus de 1000 Français représentatifs de la population : toutes les conduites addictives sont à la hausse.

5,5 millions de Français auraient augmenté leur consommation d’alcool pendant depuis le confinement. 27% des fumeurs avoueraient fumer plus. 19% mangeraient plus souvent avec excès. 22% auraient augmenté leurs doses de somnifères, anxiolytiques ou encore anti-dépresseurs.

Au-delà, les restrictions de circulation liées au confinement auraient aussi conduit les Français, toujours selon ce sondage Odoxa, à passer plus de temps sur les écrans : 49% disent avoir augmenté leur temps passé devant les réseaux sociaux, 48% à avoir passé plus de temps devant des séries, 43% à avoir consacré plus de temps aux jeux en ligne. 

Pour 60%, cette surconsommation s’explique par l’ennui, par la perte de repère (55%) et par l’angoisse de l’épidémie (50%). 

Les professionnels s’inquiètent que la surconsommation ne devienne la norme 

Si aucune étude n’a été menée à l’échelle locale, “il n’y a pas de raison de croire que La Réunion échappe à cette tendance”, s’alarme l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa) 974. 

Maintenant que le confinement a pris fin, on pourrait espérer que les choses rentrent dans l’ordre, mais que nenni, s’inquiète l’Anpaa 974. Car le déconfinement ne fera pas forcément retrouver à la population ses niveaux de consommation normaux d’avant-confinement, même avec la reprise du travail et des loisirs.  Les professionnels de l’Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie craignent au contraire “une poursuite de ces consommations et notamment de l’apparition de surconsommations ponctuelles massives liées aux retrouvailles, à une certaine liberté retrouvée et à la levée des mesures restrictives du confinement”.

Un relâchement avec l’ouverture des restaurants et discothèques ? 

L’Anpaa poursuit : “Depuis 2 semaines, vous avez ainsi pu observer sur notre île un certain relâchement”. Dans les prochaines semaines, ces professionnels estiment qu’il est probable que les réouvertures de cafés, restaurants et discothèques provoquent un pic de ces surconsommations ponctuelles, notamment d’alcool. 

C’est pourquoi l’association a réfléchi à un projet collaboratif entre les principaux acteurs de l’addictologie à La Réunion, associant notamment la Fédération Régionale d’Addictologie de La Réunion (FRAR), le réseau Oté, ou Saomé, pour aboutir à une campagne de sensibilisation aux risques liés aux surconsommations. 

Une campagne de sensibilisation avec les gouzous de JACE 

Depuis ce week-end et pendant deux semaines, 150 affiches 4×3 ont été déployées sur l’île. Des affiches arborant les célèbres gouzous de l’artiste JACE dont la renommée va désormais bien au-delà de La Réunion. “Ses gouzous apportent une note décalée et bienveillante à un message volontairement non-moralisateur”, se félicite l’Anpaa. 

En plus de cette campagne d’affichage financée en partie par l’ARS et la préfecture (via la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), l’artiste a aussi produit un petit film d’animation, qui a été diffusé sur les réseaux sociaux, mettant là encore en scène le gouzou. 

“L’objectif est double”, signale l’association. Il s’agit de “sensibiliser le grand public aux risques de surconsommation d’alcool et autres substances addictives” d’une part, et d’autre part, “écouter et informer les Réunionnais à travers un numéro de téléphone unique (0693 21 66 13, ouvert tous les jours de la semaine, de 9h à 16h) qui permettra de les orienter vers les différents professionnels spécialistes en addictologie de l’île”.