au Koweït, le virus du racisme antimigrants

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A Koweït, le 12 mai.
A Koweït, le 12 mai. YASSER AL-ZAYYAT / AFP

Les Koweïtiens, qui ne tolèrent pas le confinement total auquel ils sont soumis dans le cadre de la lutte contre le nouveau coronavirus, auraient-ils trouvé leur bouc émissaire ? Dans cet émirat du Golfe, où l’on dénombre 22 000 cas de contamination par le SARS-CoV-2 et 165 morts, la crise sanitaire est volontiers imputée aux travailleurs étrangers, arabes et asiatiques. Dans les médias et sur les réseaux sociaux, cette catégorie de la population, qui représente 70 % des 4,5 millions d’habitants de la pétromonarchie, se retrouve fréquemment accusée de propager l’épidémie et d’entraver les efforts de l’Etat pour l’endiguer.

« Les étrangers qui vivent ici, au paradis, ont siphonné le budget de l’Etat, ils sont devenus un fardeau pour la santé, la sécurité et l’alimentation », commentait par exemple, ce dimanche, un usager de Twitter, nommé aljasem74, au-dessous d’une vidéo montrant une distribution de vivres dans un quartier peuplé d’immigrés de Koweït, la capitale. « Incultes », « sales », « profiteurs » : les migrants font face à une cascade de remarques ouvertement racistes de la part d’internautes koweïtiens, qui oublient un peu vite tout ce que cette main-d’œuvre très bon marché a apporté à leur pays.

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Les Egyptiens, la plus grande communauté étrangère de la cité-Etat avec les Indiens, sont la cible privilégiée de cette poussée de xénophobie. Les hashtags appelant à leur expulsion pullulent sur les réseaux sociaux. « L’épidémie due au coronavirus a accentué les tensions entre locaux et migrants dans tout le Golfe, mais c’est au Koweït que ce problème est le plus prégnant », constate la Saoudienne Eman Alhussein, analyste à l’Arab Gulf States Institute de Washington.

« Purifier le pays »

Le mouvement a été amorcé par deux célébrités locales. Fin mars, la députée Safa Alhashem, seule femme à siéger au Parlement, a déclaré que le renvoi de travailleurs illégaux permettrait de « purifier le pays ». Quelques jours plus tard, Hayat Al-Fahad, une vedette de feuilletons, appelait à son tour au bannissement des immigrés, pour libérer des lits d’hôpitaux. « Nous en avons marre, nous devons les faire partir… les mettre dans le désert », avait lâché l’actrice. « Ces sorties ont fait boule de neige, témoigne un résident yéménite au Koweït, qui tient à rester anonyme. On voit passer, depuis, des centaines de Tweet antiégyptiens tous les jours. »

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Cette crispation est la conséquence paradoxale de la relative liberté d’expression qui règne dans la principauté. Les bordées populistes de Safa Alhashem et d’Hayat Al-Fahad ne leur ont valu, comme désagréments, que des commentaires outrés de compatriotes, leur rappelant que l’immense majorité du personnel hospitalier est composée d’étrangers, en première ligne face au virus. Inversement, quand Tariq Al-Mehyas, un youtubeur des Emirats arabes unis, un Etat beaucoup plus répressif, s’est avisé de prendre la défense de l’actrice, les autorités locales l’ont immédiatement arrêté, pour incitation à la haine.

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