« Il n’y a pas de société sans risques partagés »

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Tribune. La seule vraie nouveauté de la pandémie actuelle, c’est la réponse que l’humanité lui a donnée. C’est la première fois dans l’histoire du monde que des responsables politiques qui représentent la population de près de la moitié de la planète ont arrêté presque complètement des sociétés entières.

Cette décision extraordinaire ne s’expliquait pas d’abord par la létalité du virus Covid-19. Même si l’insuffisance des données ne permet pas encore de la mesurer avec précision, on sait qu’il y a eu des épidémies beaucoup plus meurtrières, et les spécialistes nous disent que des virus infiniment plus dangereux pourraient apparaître.

Incertitude morale

La raison est ailleurs, dans le prix que nous attachons aujourd’hui à la vie humaine, qui est infiniment plus élevé que celui que nous lui donnions il y a seulement vingt ans.

Au-delà du débat technique sur la meilleure stratégie pour contenir la pandémie, deux interprétations de la décision s’opposent, qui traduisent notre incertitude morale.

Pour les uns, la réponse radicale donnée par beaucoup de pays est une manifestation du progrès moral de l’humanité. Affirmer l’éminente dignité de toute vie humaine, rejeter toute logique de triage, n’est-ce pas le moindre qu’on puisse attendre d’une société digne de ce nom ? Nous n’oublions pas que l’idéologie nazie, qui faisait le tri entre les humains a conduit à l’holocauste et à l’extermination des infirmes et des faibles. Les massacres de masse nous ont appris que chaque vie individuelle est inestimable. Aucune vie n’a moins de valeur qu’une autre.

En même temps, les applaudissements qui chaque soir célèbrent le courage des personnels de santé nous rappellent qu’une société ne peut vivre que si elle adhère à des valeurs qui dépassent la vie de chacun, et pour lesquelles certains sacrifient la leur. Les soignants sont-ils l’expression d’un engagement collectif, ou une exception que nous admirons, mais à distance ?

Un déficit de capital social

Nous nous donnons bonne conscience quand, dans la sécurité du confinement, nous réduisons la question du déconfinement à une opposition simpliste entre santé et économie. Même dans le confinement le plus strict, une multitude de professions ont pris leur part de risque pour que nous puissions vivre confinés. Il n’y a pas de société possible sans activité humaine, sans relation avec les autres, dans le travail comme dans les loisirs, et donc, en fin de compte, il n’y a pas de société sans risques partagés. Ce débat-là n’est pas économique, mais éthique.

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