En Albanie, le Théâtre national détruit par le gouvernement, « un acte barbare »

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Des manifestants protestent contre la démolition du bâtiment du Théâtre national, à Tirana en Albanie, le 17 mai.
Des manifestants protestent contre la démolition du bâtiment du Théâtre national, à Tirana en Albanie, le 17 mai. GENT ONUZI / AP

LETTRE D’EUROPE CENTRALE

Le premier ministre albanais Edi Rama apprécie de mettre en avant sa carrière d’artiste plasticien et ses goûts de peintre. Lorsqu’il était maire de la capitale, Tirana, entre 2000 et 2011, il s’est ainsi fait connaître dans le monde entier pour avoir fait repeindre de couleurs vives les barres d’immeubles ternes héritées de la dictature communiste. Parfois avec des motifs qu’il avait lui-même dessinés, donnant par endroits à la capitale albanaise un petit air de galerie à ciel ouvert.

Mais, dimanche 17 mai, le même Edi Rama, 55 ans, premier ministre depuis 2013, a fait envoyer la police et les tractopelles aux premières lueurs du jour pour détruire une des institutions culturelles phares du pays et une de ses rares salles de spectacles, le Théâtre national. A l’intérieur, quelques dizaines d’artistes et d’opposants qui occupaient le bâtiment depuis plus de deux ans ont été expulsés manu militari.

« Ils sont venus à 4 h 15 du matin, nous étions encore une soixantaine de personnes, ils ont évacué et lancé le bulldozer », raconte le réalisateur et comédien Edmond Budina, un des représentants de l’Alliance pour la protection du théâtre, un collectif qui se battait depuis 2018 pour sauver ce bâtiment édifié en 1940 lorsque le pays était occupé par l’Italie. Une manifestation spontanée à laquelle les leaders de l’opposition ont participé dimanche a ensuite été brutalement dispersée.

« Colère »

Typique de l’architecture mussolinienne, sans être pour autant imposant, le Théâtre national avait été construit avec un ciment mélangé à des fibres d’algues et de peuplier, fruit de la politique d’autarcie du fascisme italien. Renommé plusieurs fois en fonction des changements politiques, le théâtre était surtout « un des rares bâtiments anciens de Tirana » dans une ville à l’urbanisme moderne, estime le plasticien albanais Adrian Paci, qui se dit « choqué et en colère » de la décision prise par Edi Rama.

Sur Facebook, ce dernier a défendu lundi 18 mai sa décision en s’en prenant aux « perturbateurs professionnels » et en vantant le projet de nouveau théâtre qui doit être édifié sur les ruines de l’ancien. « Il sera approuvé par tout le monde et donnera au public le théâtre national qu’il n’a jamais eu », a-t-il promis en postant les impressionnantes images du cabinet d’architecte danois à la tête du projet.

Occupé depuis deux ans, le Théâtre national avait souffert du manque d’entretien et l’Alliance pour la protection du théâtre avait dû installer un groupe électrogène pour contourner la coupure de courant et continuer à organiser des représentations dans la grande salle où il faisait trop chaud l’été et trop froid l’hiver. Mais les artistes plaidaient pour une rénovation. « Pourriez-vous détruire le Moulin-Rouge, même pour un nouveau bâtiment comme ça ? », proteste Edmond Budina, qui qualifie cette destruction « d’acte barbare ». « Je ne suis pas contre ce nouveau théâtre, mais pourquoi détruire l’ancien et ne pas le construire ailleurs ? », abonde Adrian Paci.

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