Après la démission de Bouteflika, récit des six semaines qui ont ébranlé l’Algérie

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Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, a annoncé sa démission après deux décennies à la tête du pays. Mais pour les Algériens, cette reddition obtenue par la rue n’est qu’une étape.

Par Frédéric Bobin Publié aujourd’hui à 06h38

Temps de Lecture 16 min.

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Dans les rues d’Alger, le 26 mars.
Dans les rues d’Alger, le 26 mars. RAMZI BOUDINA / REUTERS

Comment ont-ils pu penser que cela marcherait ? Quel aveuglement a pu conduire les maîtres d’Alger à imaginer, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, que le peuple accepterait sans ciller de plébisciter un simple portrait rivé au-dessus d’une estrade ? Comment le cénacle des obligés de la présidence a-t-il ainsi cru possible de rééditer le coup de 2014, l’« élection » pour un quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, à l’époque déjà absent, invisible, inaudible, éloigné de la scène par une grave maladie ?

La démission annoncée du chef d’Etat, qui quittera son poste avant le 28 avril, date de la fin de son quatrième mandat, est une humiliante capitulation face à une population en révolte depuis la fin février. Mais elle n’épuise pas l’énigme de cette cécité qui a tout déclenché. Avec le recul, l’histoire de la candidature irréelle de M. Bouteflika à un cinquième mandat puis, une fois celle-ci avortée, de sa tentative de proroger le mandat en cours, se lit comme une triste fable sur la déraison du pouvoir. Une histoire joyeuse aussi, celle d’un peuple réveillé qui, armé de sa seule force tranquille, aura ramené le président évanescent et son cercle de courtisans à une évidence : on n’élit pas un fantôme à la magistrature suprême. L’Algérie aura administré une cure de dégrisement à ses dirigeants ivres de pouvoir.

Depuis son accident cardio-vasculaire de 2013, il n’est plus jamais intervenu en public

On l’a dit et répété : la colère naît d’un haut-le-cœur face à la mise en scène de la photo encadrée d’Abdelaziz Bouteflika, ce pauvre totem à angles droits auquel prêtaient allégeance des assemblées obséquieuses. Au début de février, le rituel s’ébauche. Le Front de libération nationale (FLN) et ses satellites commencent à orchestrer la candidature à distance de M. Bouteflika. Depuis son accident cardio-vasculaire de 2013 qui lui avait imposé de longues hospitalisations à Paris, Grenoble ou Genève, il n’est plus jamais intervenu en public. Le pathétique spectacle est, aux yeux des Algériens, « l’humiliation de trop ».

Ce cadre, figure d’un pouvoir vide, et donc opaque, s’impose d’ailleurs très vite comme l’emblème de la protestation. Le vendredi 22 février, journée inaugurale du mouvement, les quelques dizaines de milliers de personnes qui convergent au cœur d’Alger le brandissent, le tournent en dérision. « Makach el khamsa ya Bouteflika » (« pas de cinquième mandat pour Bouteflika »), hurlent certains. « Bouteflika dégage », « Vous, les voleurs, vous avez mangé le pays », s’époumonent d’autres. L’appel à manifester, mystérieusement lancé sur les réseaux sociaux, remporte un succès inespéré, dans la capitale comme à travers tout le pays.

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