« La construction européenne a incontestablement profité aux femmes »

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Dans un entretien au « Monde », l’historienne rappelle notamment l’engagement des femmes dans des mouvements européistes durant l’entre-deux-guerres.

Propos recueillis par Jean-Baptiste de Montvalon Publié aujourd’hui à 06h30

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Historienne, professeure émérite à l’université d’Avignon, spécialiste de l’histoire des femmes, Françoise Thébaud a codirigé, avec Anne-Laure Briatte et Eliane Gubin, L’Europe, une chance pour les femmes ? (Editions de la Sorbonne, 304 pages, 23 euros).

L’Europe n’a-t-elle que des « pères fondateurs » ?

Jean Monnet, Robert Schuman, Alcide de Gasperi, Konrad Adenauer : quand on évoque la construction de l’Europe, elle ne semble portée que par des pères fondateurs. Il y a pourtant des « mères » – ou des « grands-mères » – de l’Europe. La plus citée est Louise Weiss (1893-1983), qui a construit son personnage d’Européenne en publiant, à partir de la fin des années 1960, ses Mémoires d’une Européenne. On se souvient d’elle comme doyenne du Parlement européen : en 1979, elle prononce à ce titre un discours d’ouverture… dans lequel elle ne cite aucune femme ! Très européiste dans l’entre-deux guerres, elle ne joue cependant pas de rôle majeur au moment où sont posées les premières pierres de l’Europe, dans les années 1950.

Dès l’entre-deux-guerres, des femmes adhèrent aux mouvements européistes. Le principal d’entre eux est alors l’Union paneuropéenne, dont la section allemande compte 28 % de femmes, y compris à des postes de direction de sections locales. Ces femmes militent activement pour des Etats-Unis d’Europe. Elles appartiennent souvent à des réseaux pacifistes et soutiennent la Société des nations.

Notre ouvrage rend compte également de l’engagement européiste, après 1945, de quelques femmes politiques françaises : les gaullistes Marcelle Devaud et Irène de Lipkowski, la socialiste Gilberte Brossolette, la radicale Jacqueline Thome-Patenôtre, la démocrate-chrétienne Marie-Madeleine Dienesch. Au Parti communiste, en revanche, le projet européen est perçu comme hostile à l’Union soviétique.

Les femmes sont-elles perçues, à l’époque, comme étant par nature plus pacifistes que les hommes ?

« Dans l’entre-deux guerres déjà, des femmes revendiquent la paix, non pas au nom d’une essence maternelle, mais au nom du vivre-ensemble, de l’humanité »

Celles qui militent au sein de l’Union paneuropéenne pensent que le genre féminin est pacifiste. Et la majorité des hommes partagent cette vision essentialiste, selon laquelle les femmes aspireraient davantage que les hommes à la concorde et à l’harmonie sociale – cela avait d’ailleurs été l’un des arguments des suffragistes. Il a traversé plusieurs décennies, jusqu’à refaire surface au moment des débats sur la parité, avant d’être aujourd’hui très critiqué. Dans l’entre-deux guerres déjà, des femmes revendiquent la paix, non pas au nom d’une essence maternelle, mais au nom du vivre-ensemble, de l’humanité.

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