La saga du Brexit, saison 3 : le chaos

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Par Philippe Bernard, Cécile Ducourtieux et Raphaëlle Bacqué

« Le Monde » a voulu faire le récit de la saga du Brexit, son origine, ses acteurs, ses coulisses. Dans ce dernier volet, nous racontons comment, en votant en faveur du Brexit en juin 2016, le Royaume-Uni est entré dans une zone d’incroyables turbulences.

A partir de maintenant, l’histoire va balancer entre Shakespeare, les Monty Python et la série américaine House of Cards. Un tumulte effarant et tragique. Des scènes de comédie grotesques. Beaucoup de cynisme et d’illusions perdues.

Plongeons d’abord du côté britannique, où le résultat du référendum a saisi toute la population. Le premier ministre, David Cameron, jette l’éponge, la livre sterling dévisse. Les brexiters, eux, ont dessoûlé en quelques heures. Même Boris Johnson, l’un de leurs chefs de file, a perdu son sourire de trublion. Dès l’annonce des résultats, le vendredi 24 juin 2016, une centaine de personnes se sont rassemblées devant sa maison d’Islington en hurlant « Honte à vous ! », « Vous allez le payer ! » Depuis, on ne voit plus l’ex-maire de Londres, comme si l’ardent promoteur du « Take back control » (« Reprenez le contrôle ») ne contrôlait plus rien.

La logique voudrait pourtant qu’il succède à Cameron au 10 Downing Street. Le week-end, il a d’ailleurs reçu quelques députés dans sa propriété de l’Oxfordshire, entre deux parties de cricket disputées en costume blanc. Mais on le sent perdu. Dans sa chronique hebdomadaire au Telegraph, pour laquelle il perçoit près de 311 000 euros par an, n’assure-t-il pas contre toute évidence que « le Royaume-Uni fait partie de l’Europe » et qu’il continuera à avoir accès au marché unique ? Son entourage n’en fait pas mystère : la victoire inattendue du Brexit a été un choc pour lui, surtout lorsqu’il a réalisé qu’allait lui échoir la responsabilité d’orchestrer la sortie de l’Union européenne (UE)…

Dans l’un des QG de guerre de Churchill

Le 30 juin, il se décide tout de même à parler aux électeurs. Le lieu a son importance : le St. Ermin’s Hotel, l’un des QG de guerre de Churchill, son modèle. La presse, présente en masse, pense assister au lancement de sa candidature à la succession de M. Cameron. « Bojo » n’a-t-il pas discipliné sa coiffure, comme à chaque fois qu’il doit prétendre à une haute responsabilité ? Après avoir énuméré les tâches du futur premier ministre, il livre une conclusion déroutante : « Je dois vous dire, mes amis (…), que cette personne ne peut pas être moi. » Les conservateurs europhobes viennent de perdre leur leader.

Le nationaliste Nigel Farage (UKIP) affiche davantage sa satisfaction de vainqueur. Le 28 juin, devant les députés européens, à Bruxelles, il a lancé sous des huées : « N’est-il pas drôle, quand je suis venu ici il y a dix-sept ans en disant vouloir mener une campagne pour faire sortir le Royaume-Uni de l’UE, que vous ayez tous ri de moi ? Vous ne riez plus, maintenant, n’est-ce pas ? » Sauf que lui non plus n’entend pas rester aux manettes pour régler la sortie de l’UE. Le 4 juillet, il quitte même de la direction du UKIP.

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