La fin scénarisée des « longs règnes » soviétiques

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La mise en scène de la démission du président kazakh, Noursoultan Nazarbaïev, relance les spéculations en Russie sur l’avenir, et la stratégie, de Vladimir Poutine, analyse notre correspondante à Moscou, Isabelle Mandraud.

Par Isabelle Mandraud Publié aujourd’hui à 06h30

Temps de Lecture 4 min.

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Le président russe,  Vladimir Poutine, lors d’une réunion de travail au Kremlin, à Moscou, le 20 mars 2019.
Le président russe,  Vladimir Poutine, lors d’une réunion de travail au Kremlin, à Moscou, le 20 mars 2019. Alexander Nemenov/AP

Analyse. Les dictateurs d’Asie centrale postsoviétique ne démissionnent pas. Ils meurent en exercice, à l’image des premiers présidents d’Ouzbékistan et du Turkménistan, Islam Karimov et Saparmourad Niazov, qui avaient accédé au pouvoir alors que l’URSS existait encore, tout comme Noursoultan Nazarbaïev. Le président kazakh, 78 ans, a donc fait sensation en annonçant, le 19 mars, sa démission, même si, en réalité, le détenteur du plus ancien des « longs règnes » soviétiques encore en exercice a pris ses précautions pour conserver le pouvoir.

Lire aussi Kazakhstan : démission du président Noursoultan Nazarbaïev après près de trente ans au pouvoir

Il n’a fallu que dix-huit minutes au Parlement kazakh pour adopter, dès le lendemain, le nouveau nom de la capitale du pays, Astana, rebaptisée « Noursoultan », comme le président sortant. Un fidèle, Kassym-Jomart Tokaïev, le président de la Chambre haute du Parlement, a pris sa succession par intérim, lui-même remplacé par Dariga Nazarbaïeva, la fille aînée du dirigeant, qui devient ainsi le deuxième personnage de l’Etat. Depuis 2010, surtout, M. Nazarbaïev a acquis le titre de yelbasy, ou « père de la nation », ce qui lui confère une immunité contre toute poursuite et un rôle influent dans la conduite des affaires du pays.

Le chef de l’Etat démissionnaire est aussi président « à vie » du Conseil de sécurité, dont le rôle, renforcé depuis une autre réforme constitutionnelle en 2017, lui permet de peser sur les politiques publiques ou les candidatures aux postes-clés… M. Nazarbaïev, enfin, reste à la tête de Nour Otan, le parti au pouvoir.

Eviter un « scénario algérien »

Tous ces éléments ne font guère illusion sur le changement de régime au Kazakhstan, le deuxième plus grand pays de la région après la Russie, également riche en hydrocarbures. Mais la transition préparée et assumée, après trente ans de règne du « père de la nation », constitue néanmoins une originalité qui remet en cause la tradition des « longs règnes » soviétiques. Dans l’espace de l’ex-URSS, la question ne se pose plus que pour le président du Tadjikistan, Emomali Rahmon, et son homologue de Biélorussie, Alexandre Loukachenko, respectivement en fonction depuis 1992 et 1994. Elle se pose toutefois, aussi, pour Vladimir Poutine, au pouvoir en Russie depuis près de vingt ans.

M. Nazarbaïev est un président hors pair, confiait en aparté un diplomate russe admiratif, peu après l’annonce d’Astana, en saluant une initiative qui a « su éviter le scénario algérien d’Abdelaziz Bouteflika ». Comment éviter un tel scénario ? La question hante les esprits en Russie, où personne ne croit au départ du chef du Kremlin à l’issue de son quatrième mandat, prévue en 2024. Certes, M. Poutine, âgé de 66 ans, est bien plus jeune que son aîné kazakh. Le président russe n’a jamais, non plus, manifesté la moindre intention d’installer ses filles au pouvoir. Mais la question de sa longévité au Kremlin – la deuxième la plus importante après Staline – tout comme la préservation du système politique qu’il a instauré depuis deux décennies, et la protection de son clan, se posent, comme à Astana.

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