A Bursa, la Turquie célèbre tous les jours ses poètes subversifs disparus

0
263

[ad_1]

Le régime du président Erdogan emprisonne intellectuels et journalistes ? Dans l’ancienne capitale ottomane, les auteurs incarcérés pour leurs écrits dans les années 1930 et 1940 sont lus chaque jour sur la place de la mairie de Nilufer.

Par Marie Jégo Publié aujourd’hui à 04h59

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

LETTRE D’ISTANBUL

Par n’importe quel temps, le rituel est immuable à Bursa, l’ancienne capitale ottomane, située à deux heures d’Istanbul par ferry. Chaque jour, à 14 heures tapantes, un poème est lu à haute voix sur la place de la mairie de Nilufer, un arrondissement périphérique de la quatrième ville de Turquie, véritable carrefour industriel et commercial aux portes de la mer de Marmara.

Face à la mairie, une estrade métallique sophistiquée a été dressée tout spécialement pour que les vers de Nazim Hikmet, d’Orhan Kemal, de Sabahattin Ali et de bien d’autres poètes turcs soient déclamés avec la plus grande solennité. A quelques mètres de là, un buste de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République en 1923, semble veiller sur le bon déroulement de la récitation, tandis que les passants vont et viennent dans une relative indifférence. C’est le maire de l’arrondissement, Mustafa Bozbey, une figure du Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste), qui, féru de littérature et de poésie, a instauré ce rituel il y a quelques années.

En ce moment, l’édile n’a pas vraiment le temps de lire. Il est occupé à mener campagne pour les municipales du dimanche 31 mars, avec, dans son viseur, la « grande mairie » de Bursa, qu’il espère ravir à son concurrent, Alinur Aktas, le candidat du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur, au pouvoir depuis 2002).

Humiliation et exil

Que Bursa rende hommage à Nazim Hikmet (1902-1963), le plus grand poète turc du XXe  siècle, est dans l’ordre des choses, vu qu’il a séjourné dans l’ancienne capitale ottomane quelques années. « Il a passé pas mal de temps derrière les barreaux de la prison, ce qui ne l’a pas empêché d’aimer Bursa et de décrire sa forteresse dans ses poèmes », explique Mustafa Bozbey, qui ambitionne de créer un jour « un musée » à la mémoire de ce poète romantique et révolutionnaire, aujourd’hui révéré par de nombreux Turcs.

Cela n’a pas toujours été le cas. Sa vie durant, le poète a payé un lourd tribut pour ses écrits et son attachement à l’idéal communiste. Son parcours fut jalonné de souffrances : procès, condamnations, problèmes de santé, traque policière, humiliations, exil. Ses mots pour le dire sont simples et incandescents. « Ma tête lourde. Mes genoux écorchés. Mes vêtements crottés. Je vais vers ta lumière qui brille et qui s’éteint en titubant, tombant, me relevant. »

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: