La nomination de Philippe Besson comme consul à Los Angeles annulée par le Conseil d’Etat

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L’écrivain Philippe Besson, le 30 mai 2017 à Paris.
L’écrivain Philippe Besson, le 30 mai 2017 à Paris. JOEL SAGET / AFP

Le Conseil d’Etat a annulé, mercredi 27 mars, le décret du 3 août 2018 permettant notamment la nomination de l’écrivain Philippe Besson, proche d’Emmanuel Macron, comme consul général à Los Angeles. Un poste convoité par le romancier, auteur, notamment, d’Un personnage de roman (Julliard, 2017), récit largement hagiographique de la victorieuse campagne du chef des « marcheurs ». La plus haute cour administrative avait été notamment saisie par la CFDT du ministère des affaires étrangères.

La décision a été accueillie avec satisfaction par la majorité des diplomates du Quai d’Orsay. C’est, en revanche, un camouflet politique pour l’Elysée, qui n’avait toujours pas réagi dans la soirée du 26 mars. Dans une déclaration à l’Agence France-Presse (AFP), Philippe Besson a assuré ne pas se sentir concerné par la décision du Conseil d’Etat, dans la mesure où sa nomination n’a jamais été effective. « On m’invite à réagir à la décision du Conseil d’Etat relative aux emplois de consul général. Je remarque qu’elle ne me concerne pas directement et ne me mentionne aucunement, contrairement à ce que je lis ici ou là », assure-t-il.

Poste prestigieux

Le décret contesté modifiait les règles concernant la nomination d’un certain nombre d’« emplois supérieurs », dont vingt-deux postes de consul général. Le chef de l’Etat pouvait déjà nommer à sa discrétion des ambassadeurs, qu’ils soient ou non fonctionnaires. Le texte prévoyait qu’il en soit de même pour les responsables de ces postes auparavant dévolus au personnel sous statut des agents diplomatiques et consulaires.

Les vingt-deux postes de consul général mentionnés étaient pour le moins hétéroclites, même s’ils étaient tous prestigieux. Certains, comme Québec et Jérusalem, auprès de l’Autorité palestinienne, sont une quasi-ambassade et totalement politiques. D’autres sont très sensibles en raison de l’actualité, tels Istanbul, Dubaï, Erbil ou Barcelone. En revanche, Boston, Edimbourg et Kyoto sont des consulats « d’influence », surtout honorifiques. Ce qui n’est pas le cas de Los Angeles, chargé de la gestion des activités économiques, culturelles et scientifiques avec la Californie.

Publié en plein été, le décret, qui a reçu l’aval du Conseil d’Etat – de justesse, selon des sources internes au ministère des affaires étrangères –, paraissait surtout rédigé sur mesure pour permettre d’installer Philippe Besson à Los Angeles, poste de prestige jadis occupé par Romain Gary, écrivain mais diplomate de carrière. « Une réforme au service d’intérêts particuliers ? », s’interrogeait, indignée, la CFDT-MAE. Nombre de diplomates étaient irrités par cette nomination sonnant comme « un fait du prince ». En poste depuis 2015 à Los Angeles, Christophe Lemoine, ancien directeur de cabinet de Laurent Fabius, avait appris au dernier moment qu’il était remplacé. On peut faire plus élégant.

Deux nominations annulées en 2012

Emmanuel Macron avait, à l’époque, récusé toute accusation de « copinage », affirmant « vouloir ouvrir l’ensemble des postes de responsabilité de l’administration, en particulier de la haute fonction publique, à des gens de talent et de mérite venant d’autres horizons, encore davantage qu’on ne l’a fait jusqu’ici ». Face à la polémique, le romancier avait déclaré en septembre, par la voix de son éditeur Julliard, qu’il attendrait le résultat du recours avant de partir pour la Californie. En 2012, à la fin de la présidence de Nicolas Sarkozy, la CFDT avait obtenu du Conseil d’Etat l’annulation de la nomination de deux ambassadeurs bien en cour, mais jugés finalement encore trop inexpérimentés.

Dans ce cas aussi le recours déposé a été accepté par la plus haute juridiction administrative. Le travail des consuls, qui assurent aussi nombre de tâches juridiques et administratives, notamment pour les Français de l’étranger, est différent de celui des ambassadeurs. Le Conseil d’Etat a pour l’essentiel validé ce point de vue, qui était celui de la CFDT-MAE, faisant valoir, selon cette dernière, « que les compétences conférées aux chefs de poste consulaire ne leur donnent pas vocation à être associés de manière étroite à la politique du gouvernement, contrairement aux ambassadeurs, dépositaires de l’autorité de l’Etat dans le pays où ils sont accrédités ».

Un seul consulat général cité dans la liste des 22, celui de Jérusalem, pourra être attribué à un non-diplomate sur décision du président de la République, exactement comme une ambassade, « en raison du contexte local et du rôle qu’il est conduit à jouer dans les relations entre le gouvernement français et l’Autorité palestinienne ». Un avis qui fait politiquement sens ; le consul général à Jérusalem est, de fait, l’ambassadeur auprès d’un Etat palestinien que la France, comme l’écrasante majorité des Européens, ne reconnaît toujours pas en tant que tel.

Marc Semo

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