La rédaction du seul magazine féminin du Vatican démissionne

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La fondatrice du mensuel « Donne Chiesa Mondo », Lucetta Scaraffia, dénonce sa reprise en main par les hommes du quotidien officiel.

Par Cécile Chambraud Publié aujourd’hui à 11h31, mis à jour à 11h31

Temps de Lecture 3 min.

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Lucetta Scaraffia, fondatrice du mensuel « Donne Chiesa Mondo », à Rome, le 26 mars.
Lucetta Scaraffia, fondatrice du mensuel « Donne Chiesa Mondo », à Rome, le 26 mars. Domenico Stinellis / AP

Nouveau rebondissement dans la crise qui secoue le département des médias et de la communication du Vatican depuis quelques mois. Cette fois, c’est la fondatrice et les dix autres femmes constituant la rédaction du mensuel consacré aux femmes, Donne Chiesa Mondo, qui annoncent leur démission. Dans une lettre adressée au pape François et rendue publique mardi 26 mars, la journaliste et historienne Lucetta Scaraffia affirme avoir été poussée à cette décision par la nouvelle direction de L’Osservatore Romano, le quotidien officiel du Vatican, auquel le mensuel est rattaché.

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Mme Scaraffia l’accuse d’avoir instauré envers son équipe « un climat de méfiance et de délégitimation progressive », dont le but était « le retour à l’ancienne et aride coutume du choix venu d’en haut, sous le contrôle direct d’hommes, de femmes jugés fiables ». Dans l’éditorial du numéro à paraître le 1er avril, cette catholique féministe lui reproche d’avoir fait écrire, sur des sujets que son mensuel traitait aussi, des collaborateurs « dont on est sûr de l’obéissance » et sur une ligne éditoriale opposée à la sienne.

Cette décision est un ébranlement pour plusieurs raisons. La première tient à la place et à la crédibilité qu’avait su se construire Lucetta Scaraffia dans ce monde presque uniquement masculin – et imprégné de misogynie – qu’est le Vatican. Le mensuel avait vu le jour en 2012, sous Benoît XVI. Il entendait offrir un regard féminin sur des questions allant de la théologie aux sujets de société.

« Initiative réduite au silence »

« Pour la première fois, un groupe de femmes, qui se sont organisées de manière autonome et qui ont décidé en interne les tâches et les arrivées de nouvelles rédactrices, a pu travailler au cœur du Vatican et [du service] des communications du Saint-Siège, avec intelligence et des cœurs libres, grâce au soutien de deux papes », écrit-elle.

Dans une déclaration diffusée dans l’après-midi, Andrea Monda, le nouveau directeur de L’Osservatore Romano, s’est défendu d’avoir voulu empiéter sur « la complète autonomie » du mensuel et d’avoir choisi des collaborateurs « sur le critère de l’obéissance ».

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Depuis un an, la publication féminine avait fait sensation à au moins deux reprises. En mars 2018, elle avait publié un reportage dénonçant le quasi-asservissement de religieuses travaillant pour des évêques et des cardinaux de curie, chargées de cuisiner et de nettoyer pour eux dans des conditions parfois indignes, moralement ou matériellement. En février 2019, l’historienne avait dénoncé les viols infligés par des prêtres à des religieuses, les contraignant ensuite à avorter, à abandonner leur enfant ou à quitter leur communauté. Quelques jours plus tard, le pape François avait reconnu l’existence de ces drames, parlant même dans certains cas « d’esclavage sexuel ».

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