L’armée algérienne lâche Bouteflika

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Face à la contestation populaire, le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah a proposé  de déclarer l’empêchement du président.

Par Frédéric Bobin et Amir Akef Publié aujourd’hui à 10h39

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Ahmed Gaïd Salah à Alger, en  juillet 2018.
Ahmed Gaïd Salah à Alger, en  juillet 2018. Anis Belghoul / AP

Le coup est donc parti de l’état-major de l’armée, promu arbitre à la faveur d’une crise qui n’avait que trop duré. Alors que l’Algérie est sur le point d’entrer dans sa sixième semaine de protestation contre le président Abdelaziz Bouteflika, le général Ahmed Gaïd Salah, chef de l’Armée nationale populaire (ANP), a officialisé sa rupture, mardi 26 mars, avec le chef de l’Etat en lui montrant la voie de la sortie. Si l’injonction se pare de la légalité constitutionnelle, tout en se prévalant des « revendications légitimes du peuple », une telle intervention de l’ANP dans le débat public ne manquera pas de raviver de vieilles querelles sur le rôle des « décideurs militaires » dans la vie politique de l’Algérie depuis son indépendance en 1962.

En tournée dans la quatrième région militaire de Ouargla, la grande ville du Sud algérien à 750 kilomètres d’Alger, M. Gaïd Salah a proposé de hâter la retraite politique de M. Bouteflika en activant l’article 102 de la Constitution, relatif à l’empêchement du chef de l’Etat. En vertu de cette disposition de la loi fondamentale, le président du Conseil constitutionnel, constatant l’impossibilité du chef de l’Etat d’exercer ses fonctions pour « cause de maladie grave et durable », est habilité à demander au Parlement de « déclarer » son « état d’empêchement ».

Agé de 82 ans, M. Bouteflika est très affaibli par la maladie au point qu’il n’est pas intervenu publiquement depuis 2013. Les cérémonies officielles organisées en son honneur par ses partisans se déroulaient depuis devant son simple portrait encadré.

« Parole donnée »

Le message du général Gaïd Salah, diffusé en boucle à la télévision publique, confirme l’existence de fractures profondes au sein du régime algérien quant au sort à réserver à M. Bouteflika. Le général Gaïd Salah avait fait partie des plus fervents soutiens à la candidature du chef de l’Etat à un cinquième mandat pour le scrutin initialement prévu le 18 avril. A Alger, on le disait tenu par une « parole donnée » au chef de l’Etat.

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Mais, à mesure que la contestation s’amplifiait, à partir du 22 février, contre cette candidature, puis à compter du 11 mars contre la décision de M. Bouteflika de proroger son quatrième mandat jusqu’à une élection reportée sine die, le patron de l’ANP a dû composer avec la fièvre de la rue. Son discours s’est pondéré au fil des jours. Après avoir dénoncé les « appels anonymes douteux » visant à pousser « les égarés vers des issues incertaines et dangereuses », il a fini par louer le « sens du patriotisme » et le « civisme inégalé » du « peuple algérien ». Une telle évolution portait en germe le divorce avec le chef de l’Etat, consacré mardi.

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