Avec le réchauffement, les temps changent au Groenland

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Par Hubert Prolongeau

A Oqaatsut, un village de vingt-neuf habitants situé sur la côte ouest du pays, la hausse des températures et ses conséquences se vivent au quotidien, sans inquiétude : les Groenlandais ont toujours adapté leur mode de vie à leur environnement.

Tous les matins, ils se retrouvent là. Les cinq mêmes, engoncés dans leurs combinaisons, des moufles en peau d’ours aux mains… D’une falaise située face à la mer, ils jugent l’état de la banquise. Le soleil peint de longues traînées roses sur un ciel bleu pastel. Des nuances de vert viennent orner les bords des nuées. Le Groenland est un pays d’aquarelles.

Nuka Olssen regarde ses collègues. Le sourire vissé sur les lèvres, ce quinquagénaire au visage lunaire ne vit que pour la chasse. Quasiment illettré, marié avec une femme dont personne ne sait où elle a disparu, il est né et mourra sans doute à Oqaatsut, un de ces villages où vit la majorité des 56 000 habitants de ce pays de 2 166 080 kilomètres carrés (presque quatre fois la France), le moins densément peuplé du globe… D’une main, Nuka désigne la banquise. Ici, sur la côte ouest, en face de l’île de Disko, les éléments décident de tout. Les jours de tempête, les vagues brisent la glace, laissant la mer ouverte. Si le vent souffle du nord, il la fait geler et la rend praticable aux traîneaux. Quand il vient de l’est, plus chaud, elle fond et se fissure.

Pour se protéger du froid, lors de longues distances en traîneau, les vêtements en peau s’avèrent beaucoup plus efficaces que ceux dits « modernes ».
Pour se protéger du froid, lors de longues distances en traîneau, les vêtements en peau s’avèrent beaucoup plus efficaces que ceux dits « modernes ». CHARLOTTE CAQUINEAU

Le réchauffement rend ces changements plus aléatoires. Steen Gabrielssen, boule de muscles du genre taiseux, connaît la banquise mieux que Mappy un itinéraire. Il a chassé toute sa vie. Aujourd’hui, il préfère pêcher. « C’était moins facile avant. Maintenant, on peut sortir sur l’eau presque toute l’année alors que la glace est de moins en moins sûre », lâche-t-il après un silence. Beaucoup de chasseurs font comme lui, délaissant les longues semaines en traîneau pour jouer au brise-glace avec leur bateau.

La fonte des glaces ouvre des perspectives

La calotte glaciaire, 81 % du territoire, se réduit de 200 gigatonnes par an. La banquise, qui mesurait en Arctique 15,5 millions de kilomètres carrés en moyenne entre 1981 et 2000, n’en fait plus que 14 millions. D’après Valérie Masson-Delmotte, chercheuse au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, à Gif-sur-Yvette (Essonne), le réchauffement actuel du Groenland est le plus important constaté depuis deux mille ans, et similaire à celui du milieu de la période interglaciaire actuelle, l’Holocène, il y a plus de quatre mille ans. « A cette époque, dit-elle, il était dû aux variations lentes de la trajectoire de la Terre autour du Soleil. Aujourd’hui, il est causé par nos rejets de gaz à effet de serre. La glace de mer recule, les écosystèmes de la zone côtière du Groenland et des mers voisines sont modifiés, avec en particulier l’arrivée d’espèces (insectes, poissons…) en provenance des régions tempérées. »

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