« Je n’ai jamais vu une épidémie de choléra démarrer avec une telle violence »

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L’épidémiologiste Renaud Piarroux retrace son combat, dans un livre paru le 21 mars, pour faire connaître la responsabilité des Nations unies dans l’épidémie qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts en Haïti, en 2011.

Propos recueillis par Paul Benkimoun et Béatrice Gurrey Publié aujourd’hui à 17h00, mis à jour à 17h00

Temps de Lecture 7 min.

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Professeur à la faculté de médecine de Sorbonne Université, chercheur et chef du service de parasitologie à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière, Renaud Piarroux est un spécialiste du choléra. Moins d’un an après le séisme qui a frappé Haïti en janvier 2010, une épidémie se déclenche qui fera des dizaines de milliers de morts. Arrivé le 1er novembre 2011 à la demande de la France, l’épidémiologiste de terrain devra lutter contre une désinformation organisée, pour établir que les casques bleus en étaient la source.

La situation en Haïti, à votre arrivée en novembre 2011, vous apparaît comme « un sac de nœuds dans un nid de vipères ». Pourquoi ?

J’avais été recruté pour un besoin qui paraissait très technique : aider les épidémiologistes haïtiens à comprendre la dynamique de l’épidémie de choléra et proposer des solutions pour y faire face. Je comprends assez vite, qu’en fait, on compte sur moi pour dire des choses que d’autres ne peuvent, ou ne veulent pas dire. Ce n’était pas si compliqué de voir d’où venait l’épidémie et pourtant cela semblait terriblement mystérieux. Tous mes interlocuteurs institutionnels connaissaient la vérité : cette épidémie a été importée par les casques bleus népalais de la Minustah [Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti], basés dans la province du Centre.

De surcroît, on est en période électorale. Le président René Préval, qui a effectué deux mandats, ne peut se représenter. Il pousse son gendre, Jude Célestin, mais les Etats-Unis n’apprécient pas beaucoup les choix de coopération d’Haïti avec le Venezuela et avec Cuba. Leur objectif est alors clairement de se débarrasser de ce pouvoir et les tensions sont extrêmement fortes.

Vous décrivez une « bombe bactériologique » qui tue en quelques heures. Comment est-ce possible ?

Déverser la fosse septique de la base militaire des Nations unies, qui contenait une énorme quantité de Vibrio cholerae, l’agent du choléra, dans un affluent du principal fleuve d’Haïti, l’Artibonite, a eu pour conséquence de contaminer la population à une vitesse fulgurante. Deux jours après, environ 10 000 personnes tombent malades le long du trajet du fleuve. C’est un tsunami épidémiologique. Nombre de personnes atteintes meurent en deux heures. De mon expérience du choléra sur plusieurs années en Afrique, je n’ai jamais vu une épidémie démarrer avec une telle violence.

Que s’est-il passé dans ce camp, où il était impossible de pénétrer ?

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