Population en hausse: une catastrophe écologique guette Agalega

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À ce jour, quelque 200 travailleurs indiens résident à Agalega, abrités sous des tentes dans le village de La Fourche.

À ce jour, quelque 200 travailleurs indiens résident à Agalega, abrités sous des tentes dans le village de La Fourche.

Le peuple d’Agalega verra débarquer un nouveau contingent d’Indiens en ce début de semaine. Il s’agit du troisième en deux mois, après ceux du 28 novembre et du 8 décembre. 80 ouvriers fouleront donc le sable de l’île du Nord. Ils rejoindront leurs quelque 90 compatriotes déjà installés, dans des tentes, comme dans un camp de réfugiés, sur le chantier d’Afcons Infrastructure Limited, dans le village de La Fourche. Là, où résident une dizaine de familles agaléennes mais aussi où la main-d’œuvre indienne retenue pour la construction exemptée d’Environmental Impact Assessment (EIA) d’une piste d’atterrissage, d’une jetée entre autres infrastructures, a, pour l’heure, élu domicile.

Samedi, et pour la première fois, c’est le constructeur indien Afcons qui a affrété le Mauritius Trochetia spécialement pour le transport de ses ouvriers, des matériaux de construction, de l’eau embouteillée et du Jet A-1, soit, du carburant pour avions, en manque dans l’archipel depuis novembre. Pas un natif ou habitant d’Agalega, voire, un autre Mauricien ne faisait partie du voyage à l’aller. Et tout semble indiquer qu’il sera de même lorsque le bateau lèvera l’ancre, au retour, pour Port-Louis. Ce, alors qu’une vingtaine de passagers souhaitent embarquer pour Maurice.

Cette nouvelle vague d’ouvriers ramènerait à près de 200 le nombre de travailleurs indiens dépêchés à Agalega jusqu’à présent. C’est loin de s’arrêter là. À côté, la population agaléenne se chiffre, elle, à entre 300 et 350 habitants, dans les deux îles – l’île du Nord et l’île du Sud.

Avec tout ce beau monde à Agalega, pas mal de problématiques guettent l’archipel. D’abord, avec les nouveaux occupants, les déchets, organiques ou pas (dont des milliers de bouteilles en plastique embarquées de Maurice) s’amoncelleront davantage, surtout que jusqu’à présent, il n’existe aucun système de gestion de déchets ménagers là-bas.

«Il n’y a aucun contrôle. Certains habitants enterrent leurs ordures dans un trou. D’autres les brûlent», confie un habitué de l’archipel. Ensuite, sans système de tout à l’égout, les eaux usées deviendront un vrai problème pour les nappes phréatiques et le lagon.

Barils rouillés

L’on risque aussi de voir une nette augmentation de barils d’essence ou de diesel, rouillés et pourrissant dans les cocoteraies, ou encore d’amas de ferraille de motocyclettes, de 4×4 ou de 4×2 jetés ici et là. Déjà, sur place, on crie à «l’envahissement sans planification et information aucune». Des habitants disent assister à un vrai «déboulman dan enn zil trankil».

De son côté, Alain Langlois, le porte-parole de l’association Les amis d’Agalega, estime que les autorités auraient dû dépêcher un sociologue làbas car les Agaléens, dit-il, n’ont pas l’habitude de voir débarquer tous ces gens, dans leur île, qui jusqu’ici jouit d’une tranquillité absolue. D’où la nécessité d’un accompagnement.

«Au village de La Fourche, les 20 personnes qui y habitent se retrouvent tout à coup avec 200 personnes autour d’elles. À un moment, il y aura beaucoup plus de travailleurs indiens que d’Agaléens. Comment vivent-ils cela ? Ils ont une manière de se nourrir, de vivre. Est-ce qu’il y a des gens qui vont se rencontrer, se marier ? Il fallait expliquer, faire un suivi psychologique, prendre le pouls de la population.»

Pour la gestion des déchets, Alain Langlois propose qu’on aurait pu profiter de l’arrivée des Indiens pour équiper Agalega de poubelles de tri, ou de compacteur pour compacter les déchets et les ramener à Maurice.

«Ils vont aussi certainement couper des dizaines d’hectares de cocotiers. Que vont-ils en faire ? Fouiller des trous et les enfouir ? Il aurait fallu que des gens travaillent dessus», fait valoir notre interlocuteur.

Avant de confier comment il s’est vu refuser un projet d’envoyer deux pirogues à Agalega en décembre pour que la population puisse aller pêcher, afin de vendre des poissons aux locaux et ensuite, le surplus, aux Indiens.

«C’était l’occasion ou jamais pour la population de démarrer une micro-entreprise car les travailleurs indiens auront besoin de légumes, d’oeufs, de poissons. L’Outer Island Development Corporation a refusé, disant que les bateaux n’ont pas de permis. Alors qu’aucun bateau n’a de permis là-bas. Tout ce qu’on essaye d’entreprendre, on nous l’interdit. Quel est le but de nous défendre d’apporter notre soutien ?» Si ce n’est de limiter les témoins…

Budget: les dons Indiens doublés

Maurice figure parmi les pays qui recevront le plus d’aide de l’Inde durant l’année financière 2019-2020. C’est ce qu’on peut lire sur les «Notes on Demands for Grants, 2019-2020, No. 28», du ministère indien des Affaires étrangères. Ce dernier a prévu un budget de Rs 3,5 milliards (7 milliards de roupies indiennes) pour Maurice. Le pays voit ainsi son enveloppe doubler, passant de Rs 1,8 milliard initialement prévues pour l’année financière 2018-2019, avant que ce chiffre ne soit revu à Rs 3,3 milliards pour la même période prise en compte.


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