« Au bord du gouffre, Angela Merkel fait ce qu’il y a à faire »

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Angela Merkel lors de la conférence de presse qui a suivi la vidéo-conférence avec Emmanuel Macron, le 18 mai, à Berlin.
Angela Merkel lors de la conférence de presse qui a suivi la vidéo-conférence avec Emmanuel Macron, le 18 mai, à Berlin. Kay Nietfeld / AP

Chronique. C’était il y a à peine neuf ans, en décembre 2011. A près de 93 ans, l’ancien chancelier allemand Helmut Schmidt prononçait son dernier discours au congrès du Parti social-démocrate, son parti, à Berlin, et il y était évidemment question d’Europe. D’Europe et d’Allemagne. D’Allemagne dans l’Europe.

Né en 1918, Helmut Schmidt avait vu de trop près le XXe siècle, ses horreurs et sa renaissance, pour ne pas rappeler à ses compatriotes du SPD la part particulière qu’y avait prise leur pays. « Quand l’Allemagne sera-t-elle enfin un pays normal ? », lui avait demandé un député ami. « L’Allemagne ne deviendra pas normale dans un avenir proche », répondit l’ancien chancelier en se remémorant leur conversation. Du long plaidoyer pour l’intégration européenne qu’il prononça ce jour-là, une préoccupation émergeait, plusieurs fois réitérée : celle d’une Allemagne dont la puissance économique inquiète les autres Européens. Or, cette puissance, souligna-t-il, n’aurait pas été possible sans le plan Marshall, sans la communauté européenne, sans l’OTAN, « sans l’aide de nos voisins ni sans l’effondrement du bloc de l’Est ». Cette « solidarité reçue », l’Allemagne en était donc redevable, lorsque à leur tour, ses « voisins » frapperaient à la porte de la solidarité.

Ce chancelier qui, par dérision, conseillait aux hommes politiques se vantant d’avoir une vision d’aller voir un médecin, pouvait évidemment se montrer visionnaire lui-même : l’Allemagne, résuma-t-il ce jour-là, « a besoin de l’intégration européenne ne serait-ce que pour nous protéger de nous-mêmes ».

« Le moment est venu de se battre »

Helmut Schmidt est mort en 2015 mais son discours n’a pas pris une ride. Lundi 18 mai, c’est une chancelière chrétienne-démocrate, enfant de la guerre froide et non plus, comme Schmidt, des deux guerres mondiales, qui a pris le relais. Gestionnaire bien plus que visionnaire, peu encline aux envolées lyriques, Angela Merkel a su trouver les mots simples pour expliquer le virage à 180 degrés qu’elle venait d’opérer sur l’orthodoxie budgétaire européenne, en brisant le tabou d’un endettement commun à l’Union européenne pour aider les pays les plus touchés par la pandémie à se relever : « Le moment est venu de se battre, et l’on se bat pour des idées, a dit la chancelière. L’Allemagne et la France se battent pour l’idée européenne. »

Pour Jean-Louis Bourlanges, député centriste qui connaît si bien l’Europe qu’il en parle comme de sa famille, Angela Merkel s’est montrée là, à la fois pragmatique et dépositaire de cette identité allemande d’après-guerre. Les crimes perpétrés à Auschwitz, déclarait-elle en décembre 2019 au cours d’une visite dans le camp d’extermination, « sont une partie intégrante de notre identité et le seront à jamais ». Sur l’Europe, nous dit Jean-Louis Bourlanges, « c’est par conservatisme qu’elle accepte cette grosse distorsion » à sa position sur la dette commune : « Fidèle au pacte européen, elle est attachée à la zone euro et là, elle a pris la mesure de la gravité de la situation. »

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