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Les chiffres sont vertigineux et le sujet aussi politique qu’économique. En 2019, quelque 45 millions d’Américains cumulaient une dette de 1 600 milliards de dollars (1 482 milliards d’euros) contractée pour payer leurs études supérieures. Ce montant, multiplié par presque 3 en l’espace de 12 ans, est largement plus élevé que la dette liée aux cartes de crédit (environ 1 000 milliards).
Une fois diplômé, chaque emprunteur doit en moyenne 32 000 dollars. Cette somme en augmentation constante (+20 % depuis 2016, selon la Réserve fédérale) représente un sérieux obstacle pour démarrer sereinement dans la vie : les banques rechignent à accorder de nouveaux prêts à ces clients pour l’achat d’un logement ou d’une voiture. Et nombre de jeunes ne peuvent pas non plus compter sur leurs parents, dont certains remboursent encore leurs propres études ou ont emprunté pour financer le cursus de leurs enfants, 37 000 dollars en moyenne dans le cadre de prêts fédéraux prévus à cet effet.
Ce phénomène typiquement américain est lié au coût prohibitif et croissant des frais d’inscription dans les universités : il faut compter de quelques milliers de dollars par an dans les « community colleges » pour les diplômes en deux ans, à plusieurs dizaines de milliers de dollars pour les universités publiques ou privées délivrant des diplômes en quatre ans (les frais peuvent être réduits par le biais de bourses et d’aides diverses pour les jeunes les plus modestes).
Défauts de paiements
Résultat : 7 étudiants sur 10 visant un bachelor (équivalent de la licence) ont dû s’endetter en 2019. Cette pratique mine les marges de manœuvre des familles et fragilise l’économie. Si le retour sur investissement est assuré en période de croissance économique – les diplômés s’insèrent convenablement sur le marché de l’emploi −, la situation est plus préoccupante en cas d’à-coups, comme la grande dépression de 2008-2009, qui a vu une forte hausse des défauts de paiements, ou la crise sanitaire et économique actuelle. L’administration Trump a accepté une suspension des remboursements pendant trois mois sans frais.
Chez les démocrates, cette question lancinante est abordée de manière plus globale. L’aile gauche du parti souhaiterait effacer la dette et instaurer la gratuité des études, au moins durant les deux premières années. Joe Biden, devenu en avril le candidat démocrate, est moins audacieux, mais propose tout de même d’effacer la dette des diplômés issus de familles aux revenus modestes et des classes moyennes. Il s’engage aussi à prendre en charge, chaque année, 10 000 dollars de la dette des personnes travaillant dans certains métiers de service, comme l’enseignement. Le candidat Trump, lui, n’envisage rien de tel. Il a au contraire supprimé des programmes d’effacement de dettes et allongé les délais d’annulation de la dette pour les plus diplômés ; mais il a ramené de 20 à 15 ans cette période pour les moins diplômés.
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