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Le 20 janvier, une femme se présente sur la scène de la maison de l’Unesco, à Paris. Vêtue d’une robe à épaules nues en dentelle grise brodée sur un voile rose pâle, les cheveux ras, Rokia Traoré livre, en langue bambara, un récital d’une beauté à couper le souffle. C’est l’inauguration de la 17e édition de la Semaine du son, un événement placé sous l’égide de l’Unesco. La chanteuse, auteure et compositrice franco-malienne, marraine de l’événement, est l’invitée d’honneur de la soirée de gala, retransmise en direct dans 80 pays.
Le lendemain, Rokia Traoré se retrouve dans le bureau d’un juge d’instruction à Bruxelles. Depuis des mois, la séparation d’avec son ex-compagnon, le directeur artistique belge Jan Goossens, père de sa fille, née en 2015 à Bruxelles, vire à la guerre de tranchées. Avocats contre avocats, parole de l’un contre celle de l’autre, insinuations, attaques… La tristesse de deux parents qui se déchirent avec, au milieu, une fillette qui pose sur les photos d’anniversaire déguisée en papillon. Le couple s’accorde d’abord pour que la garde revienne, en dehors des vacances scolaires, à sa mère. Mais les relations s’enveniment et la justice belge décide finalement, en septembre 2019, de confier, la plupart du temps, l’enfant à son père. Argument retenu : la résidence principale de la fillette se situe en Belgique. La chanteuse conteste, certificats de scolarité et attestations de domicile à l’appui, pour prouver que sa fille vit avec elle depuis des années à Bamako, avec l’accord du père, assure-t-elle. Bruxelles ne retient pas ces éléments, mais l’artiste ne veut pas remettre sa fille de 5 ans à son père, et Jan Goossens porte plainte contre son ex-compagne.
Une fuite « en toute légalité »
Un mandat d’arrêt européen est émis à Bruxelles pour « enlèvement, séquestration et prise d’otage ». Le 10 mars, la chanteuse est arrêtée à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle et incarcérée. Rokia Traoré, 46 ans, restera deux semaines à la prison de Fleury-Mérogis, où elle entamera une grève de la faim pour protester contre son arrestation. Le mercredi 25 mars, la cour d’appel de Paris, après avoir approuvé sa remise à la justice belge – finalement reportée pour cause de crise sanitaire – ordonne sa mise en liberté et son placement sous contrôle judiciaire. L’artiste nous exprime son « grand sentiment d’injustice », parle « d’amertume, de tristesse ». « La violence des menottes, on vous parle de la présomption d’innocence, mais en prison cela n’existe pas. C’est indescriptible ce que j’ai vécu. » Le 4 mai, on apprenait que la cour de Bruxelles avait rejeté son « droit à l’appel ».
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