Comment la Chine tente d’effacer les minorités musulmanes

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Jeune femme ouïgoure dans les ruines d’un ancien quartier à Hotan (province du Xinjiang), février 2019.
Jeune femme ouïgoure dans les ruines d’un ancien quartier à Hotan (province du Xinjiang), février 2019. Patrick Wack pour Le Monde des religions

Minawar Tursun, la mère de Ferkat Jawdat, est libre. Du moins, c’est ce que le gouvernement chinois voudrait faire croire à son fils, afin qu’il cesse d’alerter les médias à son sujet. Arrêtée le 6 février 2018, elle a été envoyée dans un camp de rééducation, comme au moins un million de Ouïghours et de Kazakhs, des minorités musulmanes vivant au Xinjiang, une région du nord-est de la Chine grande comme trois fois la France.

Le 17 mai dernier, Ferkat, qui vit aux États-Unis avec son père et sa sœur, a reçu un appel. Au bout du fil, la voix est celle de sa mère, qu’il n’avait plus entendue depuis quinze mois. Il a du mal à retenir ses larmes. Elle a été libérée. Mais rapidement, un doute s’installe : sa mère prétend qu’elle a été très bien traitée. Puis les choses deviennent plus claires : « Il faut que tu arrêtes avec tes activités contre la Chine et le gouvernement chinois », lui dit-elle. Les doutes de Ferkat se confirment : il comprend que sa mère est instrumentalisée par les autorités chinoises.

Cours de mandarin en plein air pour la minorité ouïgoure dans la vieille ville de Kashgar, janvier 2019.
Cours de mandarin en plein air pour la minorité ouïgoure dans la vieille ville de Kashgar, janvier 2019. Patrick Wack pour Le Monde des religions

Il y a trois ans environ, la Chine a lancé un vaste programme de « rééducation » pour une partie de la population des Ouïghours et des Kazakhs, ainsi que d’autres minorités musulmanes du Xinjiang. Objectif : « Nettoyer le cerveau des personnes contaminées par les idéologies religieuses extrêmes », selon un document officiel. Après avoir nié plus d’un an l’existence de ces camps de rééducation, la Chine a changé de stratégie à l’automne 2018 : désormais, les autorités préfèrent parler de « centres » destinés à « l’apprentissage de compétences professionnelles et du mandarin » pour des populations souvent peu éduquées, en proie à « la pensée religieuse extrémiste », a expliqué le président de la région autonome, Shohrat Zakir à l’agence de presse officielle Chine nouvelle, en octobre 2018. C’est la première fois que la Chine admettait l’existence des camps au Xinjiang. Aujourd’hui, elle mène une guerre de propagande pour faire accepter sa version des faits.

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Chantage médical

Depuis sa prétendue libération, Minawar Tursun a ainsi servi de pion dans le jeu de go de policiers chinois cherchant à faire taire son fils. Peu après la conversation avec sa mère, Ferkat est contacté par un mystérieux intermédiaire qui prétend pouvoir extrader Minawar aux Etats-Unis. A une condition, bien sûr : que le fils arrête de défendre la cause ouïgour dans les médias. Depuis, elle a été renvoyée quelques mois dans un camp – de travail cette fois –, avant d’être libérée à nouveau pour des raisons de santé.

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