« Aucune région, aucun pays n’est à l’abri d’un génocide »

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Face au drame de la minorité rohingya en Birmanie, le conseiller du secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide sonne l’alerte et dénonce la complaisance et l’inaction des Etats.

Propos recueillis par Stéphanie Maupas Publié aujourd’hui à 12h33

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Conseiller spécial du secrétaire général des Nations unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng revient sur les responsabilités de la communauté internationale et des autorités birmanes dans la situation dramatique de la minorité rohingya. Soixante-dix ans après l’adoption de la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide, en décembre 1948, cet ancien responsable du Tribunal pénal international pour le Rwanda, premier à avoir jugé des auteurs de génocide, estime qu’aucun pays au monde n’est à l’abri du « crime des crimes », commis dans l’intention de détruire un groupe national, ethnique, racial ou religieux.

Adama Dieng, au siège des Nations unies, à New York.
Adama Dieng, au siège des Nations unies, à New York. Pacific Press / Getty Images

A la suite d’une mission à la frontière entre la Birmanie et le Bangladesh, en mars 2018, vous aviez alerté sur la gravité de la situation des Rohingya. Qu’attendez-vous de la communauté internationale ?

La communauté internationale a la responsabilité de protéger les populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité, en particulier lorsque l’Etat concerné est incapable ou refuse de protéger cette population, comme c’est le cas du Myanmar [nom officiel de la Birmanie]. Le niveau de complaisance à l’égard de ce qui arrive à la population rohingya est très préoccupant et cela a permis la dégradation de la situation. J’ai trop souvent entendu dire que nous devons donner une chance au nouveau gouvernement et que la tâche est difficile pour le gouvernement actuel, car l’armée contrôle une part substantielle du pouvoir. Cela n’excuse en rien les atrocités commises. La situation est loin d’être normalisée. La Mission internationale d’établissement des faits, créée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, affirme que les Rohingya continuent de subir des atrocités au Myanmar. Cela doit cesser, et les auteurs doivent être tenus pour responsables. Les réfugiés rohingya que j’ai rencontrés à Cox’s Bazar (dans le sud-est du Bangladesh) ont besoin de garanties pour envisager leur retour. Au-delà de la sécurité, la reconnaissance de leur citoyenneté en fait partie.

Dans le camp de réfugiés rohingya de Cox’s Bazar (sud-est du Bangladesh), le 7 mars.
Dans le camp de réfugiés rohingya de Cox’s Bazar (sud-est du Bangladesh), le 7 mars. MOHAMMAD PONIR HOSSAIN / REUTERS

La Birmanie a ratifié la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Qu’est-ce que cela implique pour ses dirigeants ?

En vertu de cette Convention, les Etats parties sont notamment tenus de prévenir et de punir le crime de génocide. Cela signifie que le gouvernement du Myanmar aurait dû élaborer des stratégies pour protéger la population rohingya en reconnaissant ses droits fondamentaux et en mettant fin aux discriminations de longue date dont elle est quotidiennement victime. N’ayant pas réussi à empêcher les actes de violence commis contre la population rohingya, qui peuvent constituer ou non un crime de génocide, le gouvernement devrait à présent demander des comptes à ceux qui ont participé aux crimes commis contre cette population. Ces obligations sont également prévues dans les traités internationaux relatifs aux droits de l’homme auxquels le Myanmar est partie.

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