à Stuttgart, des opposants manifestent contre les mesures « liberticides »

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Manifestation contre les restrictions mises en œuvre par le gouvernement allemand pendant l’épidémie de Covid-19, à Stuttgart, le 16 mai.
Manifestation contre les restrictions mises en œuvre par le gouvernement allemand pendant l’épidémie de Covid-19, à Stuttgart, le 16 mai. KAI PFAFFENBACH / REUTERS

A dix euros le tee-shirt barré du mot « Grundgesetz » (« Loi fondamentale »), la jeune femme est prête à craquer. Mais son compagnon préfère l’autre modèle, celui où est écrit : « Ne laisse pas sa chance à [Bill] Gates ! » Ils n’achèteront ni l’un ni l’autre. Mais le vendeur réussit quand même à leur refiler un tract. Dessus : une photo de trois pions, un noir, un rouge et un jaune, les couleurs du drapeau allemand. Et puis cette phrase : « Qui s’endort en démocratie, se réveille en dictature. »

Samedi 16 mai. C’est la première fois qu’Ahmed Aydin, 27 ans, est à Stuttgart pour vendre ses tee-shirts. Dans la vie, il est chauffagiste à Mannheim, à 140 kilomètres de là. Mais aujourd’hui, il tenait à venir dans la capitale du Bade-Wurtemberg. Depuis mi-avril, cette ville d’habitude paisible, au cœur d’une des régions les plus prospères d’Allemagne, est devenue l’un des principaux foyers de protestation contre les restrictions mises en œuvre par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. 50 personnes le premier samedi, 5 000 deux semaines plus tard… Des rassemblements également à Berlin, Munich, Hambourg, Leipzig. « Les gens commencent à comprendre qu’on se sert de ce virus pour nous priver de nos droits fondamentaux », explique le jeune homme, pour qui le temps est venu d’« entrer en résistance » afin de « sauver ce qu’il reste de la démocratie ».

« On marche sur la tête »

Autour de lui, beaucoup ne semblent même plus partager cet espoir. Günter Klein, par exemple. Lunettes fumées et bob sur la tête, ce sexagénaire est venu exprès de Nuremberg, à plus de deux heures de route. Cela fait déjà plusieurs semaines qu’il bouillonne et qu’il trouve qu’« on marche sur la tête avec ce virus qui n’est pas beaucoup plus méchant qu’une grippe ». Pourquoi manifester maintenant, alors que le pays se déconfine déjà depuis trois semaines, lui demande-t-on ? « A cause du masque ! », répond-il du tac au tac. « Ce sont les esclaves qui masquent leurs visages, pas les hommes libres. On est en train de basculer dans la dictature, voire dans le fascisme. Il faut que l’Allemagne se réveille ! Et c’est bien que tous ces gens si différents qui sont là en aient conscience ! »

Sur ce point, difficile de dire le contraire. Rien que dans un rayon d’une vingtaine de mètres, on peut apercevoir un adolescent en culotte de peau brandir une banderole remerciant Jésus de sauver des vies ; une hippie en robe chamarrée dessinant au sol une seringue barrée d’un trait de craie rouge pour signifier son opposition à la vaccination obligatoire, quelques crânes rasés agitant des drapeaux allemands ; un monsieur habillé en homme-sandwich prônant d’un côté la « démocratie » et dénonçant de l’autre la « merkelature » ; un immigré chinois faisant de la publicité pour son atelier de méditation tout en expliquant que le gouvernement de Xi Jinping a « créé le coronavirus pour le répandre à l’étranger et dominer le monde » ; ou encore un couple de « gilets jaunes » sirotant des bières sur des pliants à côté d’une liste de doléances : fin totale des restrictions de déplacement et d’activité, pas d’application de traçage des malades du Covid-19, pas de port du masque obligatoire, pas de certificat d’immunité.

Assis par terre, l’un contre l’autre, au milieu de cette foule assez peu dense car malgré tout respectueuse des règles de distanciation physique, Michaela et Luca ont l’air un peu perdu. Agée de 46 ans, la mère avoue qu’elle n’a pas beaucoup manifesté dans sa vie. A 19 ans, son fils, lui, explique qu’à part pour réclamer la légalisation du cannabis, il ne s’est jamais mobilisé pour quoi que ce soit. « Ni de droite ni de gauche », ils reconnaissent qu’il leur est « un peu bizarre » de se retrouver, ce samedi, aux côtés de « pas mal d’extrémistes ».

« Le droit de penser autrement »

Mais ils ont décidé de passer outre. Exaspérés d’entendre dire, depuis plusieurs jours, que ceux qui manifestent contre les mesures du gouvernement sont des « conspirationnistes », des « extrémistes » voire des « débiles profonds qui se font manipuler ». « Qu’il y ait des radicaux ici, oui, bien sûr, et il y a plein de choses avec lesquelles je ne serai jamais d’accord avec eux », explique Luca. « Mais aujourd’hui, ce qui compte, c’est que nous défendions nos droits fondamentaux, ceux qu’on est en train de perdre comme nos grands-parents les ont perdus dans les années 1930 », poursuit-il. Lesquels, demande-t-on ? « Le droit de penser autrement. Le droit d’aller au restaurant ! Le droit de s’asseoir sur la cuvette des toilettes ! Même ça, on ne peut plus, au nom de la lutte contre le virus », s’indigne Michaela. « A ce qu’il paraît, ils veulent rouvrir les bars à chicha avant les salles de sport. C’est scandaleux », l’interrompt son fils.

Autour du quadrilatère réservé aux manifestants, un espace calculé pour 5 000 personnes et solidement ceinturé par la police, d’autres groupes plus épars sillonnent le reste de la vaste esplanade. Certains, parce qu’ils n’ont pas pu entrer à l’intérieur de la zone réservée. D’autres de façon délibérée. C’est le cas de Max Guttmann, 24 ans. Militant « antifa », il a choisi de se tenir à distance de ce rassemblement dont il affirme qu’il est « noyauté par l’extrême droite ».

Mais il est tout de même là, tout comme une poignée de militants du parti de gauche Die Linke, car il lui semble, justement, qu’« il ne faut pas laisser à l’extrême droite le monopole de la défense des libertés fondamentales et de la dénonciation de l’Etat policier ». Et peu importe que, à en croire un sondage ZDF publié jeudi, seuls 17 % des électeurs jugent exagérées les mesures de restriction prises dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. « Que ces mesures aient été nécessaires au moment où le virus est arrivé, sans doute. Mais maintenant que nous avons réussi à le maîtriser, ici en Allemagne, c’est le moment de nous réveiller. Plus on attend, plus ce sera dur de récupérer ce qu’on a perdu. »

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