« Annuler la dette, c’est toujours en transférer le fardeau à d’autres »

0
81

[ad_1]

Jusqu’ici, la réponse économique à la crise sanitaire a été rapide et forte. Les règles budgétaires ont été suspendues, la surveillance des aides publiques aux entreprises a été assouplie et, avec l’appui de la Banque centrale européenne (BCE), les Etats ont pu jouer leur rôle de pompiers. La France en a efficacement tiré parti.

Ce n’était que le début. Il va falloir faire plus : immédiatement pour aider les entreprises à redémarrer et pour préserver autant que possible l’emploi ; dans quelques mois pour redonner confiance aux ménages, appuyer les transitions professionnelles, stimuler l’investissement, renforcer le service de santé, accélérer la décarbonisation, relancer la politique industrielle. Il va aussi falloir abandonner des créances fiscales et sociales, et reconnaître des pertes sur les garanties de crédit.

Le gouvernement prévoit qu’en fin d’année la dette publique atteindra 115 % du produit intérieur brut. Ce sera certainement plus et, à défaut d’une improbable disparition du virus, encore plus un an après. Il ne serait pas étonnant que le quinquennat se solde par une trentaine de points de dette en plus.

Il faut prendre ce risque parce que les plus grandes menaces sont l’affaissement de notre système productif, le retour du chômage de masse et, partant, la contraction des recettes fiscales et sociales. Ce n’est pas le moment de précipiter le retour à l’orthodoxie budgétaire.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dettes publiques : la lourde facture de la crise due au coronavirus

Mais beaucoup vont plus loin et tirent du fameux « quoi qu’il en coûte » présidentiel la conclusion que la contrainte budgétaire est imaginaire. Mobiliser des centaines de milliards d’euros ne serait qu’affaire de volonté politique.

Tour de magie monétaire

C’est oublier que nous avons eu la chance que cette crise intervienne dans un contexte de taux d’intérêt extrêmement faibles, où le coût de l’endettement est nul. Il serait beaucoup plus difficile d’agir avec la même force s’il était au niveau d’il y a dix ou vingt ans. C’est aussi négliger que la leçon de cette crise est allemande : pour ne pas devoir lésiner sur le keynésianisme face à des chocs financiers, sanitaires ou écologiques, mieux vaut disposer de marges d’action. La Commission européenne prévoit qu’en 2020 l’Allemagne va émettre 430 milliards d’euros de dette, mais l’Italie 180 seulement et la Grèce rien du tout. L’Europe risque un nouveau cercle vicieux au gré duquel les Etats fragiles affaiblissent leurs économies et donc leur base fiscale.

Qu’à cela ne tienne, entend-on de plus en plus : annulons les dettes ! De Jean-Luc Mélenchon à Alain Minc, nombreux sont ceux qui prônent, soit de rayer d’un trait de plume les obligations publiques détenues par la BCE ; soit, ce qui revient au même, de les convertir en une dette perpétuelle non rémunérée ; soit encore, ce qui n’est pas très différent, de les échanger contre des titres à 50 ans assortis de taux zéro. Cela permettrait, dit-on, d’alléger sans coup férir le fardeau de la dette.

Il vous reste 50.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: