Qui se souvient encore de la « grippe de Hongkong » ?

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Publié aujourd’hui à 01h02

Des patients qui arrivent à l’hôpital déjà cyanosés, crachant une mousse sanguinolente. Des malades si nombreux que les lits ne suffisent plus. Des gens atteints d’œdème pulmonaire aigu, dont l’état se dégrade à toute vitesse et que l’on intube à même les couloirs. Des cadavres relégués à la hâte dans une pièce en longueur, au fond des locaux de réanimation. Des corps, enfin, qui s’entassent sur des civières, si vite que les services mortuaires ne peuvent les évacuer au fur et à mesure. Et, au milieu de tout cela, des soignants sans gants, sans masques, sauf pour les gestes invasifs.

Ce tableau terrifiant renvoie-t-il à l’épidémie de Covid-19 ? Au scénario d’un film catastrophe ? Non. L’homme qui évoque tout cela, Pierre Dellamonica, est un professeur d’infectiologie à la retraite. Il a lui-même vécu ces scènes du temps où il était externe à l’hôpital Edouard-Herriot de Lyon, durant l’hiver 1969-1970. C’est là, dans le secteur de réanimation médicale des urgences, pavillon P, qu’il a vu les ravages causés par la pandémie connue sous le nom de « grippe de Hongkong ».

Derrière cette appellation exotique se cache un virus né en Asie, dont les premiers effets se sont fait sentir dans l’ancienne colonie britannique. De type H3N2, cette grippe a sillonné la planète entre 1968 et début 1970, laissant dans son sillage au moins 1 million de morts. Or, en France, où elle a tout de même tué entre 30 000 et 35 000 personnes (dont 25 000 en décembre 1969), l’épidémie est très rapidement tombée dans un oubli stupéfiant, y compris chez les médecins. Curieuse amnésie, source d’un léger vertige : remonter vers cette époque, pourtant pas si lointaine, donne l’impression de changer de monde, comme si la perception de la maladie, de la mort et du risque en général avait profondément muté en un demi-siècle.

Écouter aussi Grippe de Hongkong en 1968 : pourquoi on l’a tous oubliée

Souche inconnue

Même face au coronavirus actuel, il a fallu quelque temps pour voir émerger du passé ce qui fut la dernière pandémie grippale du XXe siècle. Les regards se sont d’abord tournés vers une histoire bien plus éloignée pour y chercher points d’appui ou matière à penser. On a ainsi évoqué la peste noire, du XIVe au XVIIIe siècle, ou encore la grippe dite « espagnole », en 1918. Mais sur celle de Hongkong, curieusement, presque rien. Sans un excellent article de Corinne Bensimon, paru dans Libération en décembre 2005 et republié en mars de cette année, qui s’en serait souvenu en dehors des savants ? La mémoire de cette pandémie remontant à la fin des années 1960 s’est si bien perdue qu’il a fallu attendre l’apparition du SRAS, en 2003, pour que deux chercheurs, Antoine Flahault et Alain-Jacques Valleron, fassent le compte des victimes françaises grâce aux fichiers de mortalité conservés par l’Inserm.

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