l’Union européenne ouvre un pont aérien vers la Centrafrique

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Chargement de l’avion affrété par l’Union européenne à destination de la Centrafrique, le 7 mai 2020, à l’aéroport Saint-Exupéry de Lyon.
Chargement de l’avion affrété par l’Union européenne à destination de la Centrafrique, le 7 mai 2020, à l’aéroport Saint-Exupéry de Lyon. JEFF PACHOUD / AFP

Un pont aérien – un de plus. Dans la dernière décennie, la Centrafrique en a connu au moins deux autres, au plus fort de la crise politico-militaire de 2013-2014. Cette fois-ci, ce n’est pas l’instabilité sécuritaire mais la crise sanitaire qui justifie la décision humanitaire. Même si les cas officiels de Covid-19 y sont encore relativement limités (94 patients testés positifs au 7 mai), le nombre de malades augmente de plus en plus vite dans ce pays où les infrastructures sanitaires sont parmi les plus précaires de la planète.

« La Centrafrique a été choisie parmi les quatre pays bénéficiaires de ce pont aérien parce qu’il s’agit d’un pays vulnérable, avec une crise humanitaire déjà aiguë, explique Samuela Isopi, ambassadrice de l’Union européenne (UE) à Bangui. Le premier impact du Covid-19 a été de bloquer et d’empêcher l’acheminement de l’aide humanitaire. C’est pour cette raison que la France a insisté pour que la Centrafrique soit le premier pays concerné par ce pont aérien. » Le Niger, le Cameroun et le Burkina Faso seront les trois autres destinations de ces vols d’assistance.

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L’UE a tenu à marquer l’importance de ce pont aérien, organisé en concertation avec l’ensemble des Etats membres, en dépêchant sur place son commissaire à la gestion des crises, qui a rencontré ce vendredi 8 mai le président Faustin-Archange Touadéra à l’aéroport de Bangui M’Poko durant les deux heures d’escale. Juste le temps de permettre le déchargement de la cargaison, qui comprend bien sûr du matériel de protection classique (gants, masques chirurgicaux, gel hydroalcoolique, etc.), mais aussi de réanimation, avec des bacs à oxygène.

« Nous étions en sous-effectif »

En tout, 40 tonnes d’équipements seront acheminées en trois vols successifs à destination de Bangui. Une partie du matériel sera donnée aux agents de santé centrafricains, mais la cible privilégiée par l’UE, ce sont les agences onusiennes et les ONG internationales, afin qu’elles puissent continuer leur travail de terrain. « Nous allons réceptionner 5 000 masques et du matériel de protection pour nos équipes les plus exposées, confirme Ferran Puig, directeur pays pour Oxfam. Nous travaillons dans des camps de déplacés où la densité de population est importante et où il y a un risque énorme de propagation du virus. »

Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, Oxfam vient également de passer un contrat avec l’UE pour la mise en place d’une vingtaine de points d’eau, indispensables à la gestion sanitaire de l’épidémie. Du matériel technique nécessaire au forage et à la distribution du précieux liquide doit ainsi faire partie des prochaines livraisons. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les besoins de la Centrafrique s’élèvent à plus de 500 millions d’euros, dont 140 millions directement liés à la lutte contre le Covid-19. En 2020, l’aide humanitaire de l’UE sera de 15,2 millions d’euros.

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Ce pont aérien ne se limite pas à de l’aide matérielle. Depuis les premiers cas observés dans le pays, les vols en provenance et à destination de Bangui ont été annulés, compliquant le remplacement des équipes humanitaires. L’avion qui s’est posé ce vendredi sur le tarmac de Bangui M’Poko acheminait donc aussi 70 travailleurs humanitaires venus épauler ou relayer leurs collègues. « Beaucoup étaient restés bloqués dans leur pays, en attente de départ ou en processus de recrutement, alors que nous étions ici en sous-effectif », reprend Ferran Puig. Un sous-effectif aggravé par le fait que certains avaient dû être évacués pour des raisons familiales ou de santé. L’avion affrété par la France autorise donc enfin une rotation bienvenue pour les acteurs de terrain, sachant que les prochains vols commerciaux ne sont pas prévus avant la mi-juin.

L’opération de charme chinoise

Pour les autorités centrafricaines aussi, la livraison de matériels de santé et de tests est une bouffée d’oxygène. Depuis le début de la crise, elles n’ont en effet fonctionné que grâce aux réserves de l’Institut Pasteur et aux dons de la Chine, qui a lancé une vaste offensive diplomatique en Afrique, en deux temps : d’abord Pékin, puis la fondation Alibaba (du milliardaire Jack Ma), sont déjà passés pour livrer tests et masques de protection. En Centrafrique, ces dons ont provoqué une réaction en chaîne immédiate : les Etats-Unis ont débloqué 3 millions de dollars (environ 2,8 millions d’euros) pour soutenir la lutte contre le coronavirus, puis la Russie a promis l’envoi d’un avion chargé de matériel.

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L’ambassadrice Samuela Isopi admet que les dons chinois ont été « très importants » pour lutter contre le Covid-19, mais refuse que le pont aérien de l’UE soit lu comme une réaction à l’opération de charme de Pékin. « C’est une réponse à la crise humanitaire, pour permettre aux humanitaires de continuer de faire leur travail, insiste-t-elle. Bien que nous soyons nous-mêmes en difficulté, nous aidons aussi les autres. »

Depuis quelques années, la Centrafrique est devenue un terrain où s’affrontent les grandes puissances. Depuis 2018, la Russie y a considérablement accru son action, en signant notamment un accord de coopération militaire. La Chine et les Etats-Unis ont réagi en tentant de renforcer eux aussi leur positionnement. Après un flottement, la diplomatie française a à son tour accentué son aide au développement, en relation bilatérale ou dans le cadre de l’aide européenne.

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