Le Brexit provoque une crise de régime au Royaume-Uni

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A une semaine de la date programmée pour le divorce avec l’UE, le 29 mars, la gestion britannique du Brexit tient à la fois de la tragédie shakespearienne et de l’accident industriel.

Par Philippe Bernard Publié aujourd’hui à 15h45, mis à jour à 16h22

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La Première ministre britannique Theresa May à son arrivée au sommet européen à Bruxelles, le jeudi 21 mars 2019.
La Première ministre britannique Theresa May à son arrivée au sommet européen à Bruxelles, le jeudi 21 mars 2019. ARIS OIKONOMOU / AFP

Analyse. Plus personne ne le nie : la gestion britannique du Brexit tient à la fois de la tragédie shakespearienne – les incessantes tentatives d’assassinat visant la « reine » Theresa May suivies de résurrections sensationnelles –, du feuilleton sur la cruauté des mœurs politiques – le félon Boris Johnson ; John Bercow en embuscade –, mais surtout de l’accident industriel tourné au ralenti.

A une semaine de la date du 29 mars programmée pour le divorce avec l’Union européenne, la pantalonnade menace de tourner au désastre si le pays se trouve soudain plongé dans le vide juridique et hérissé de barrières douanières, faute d’accord avec ses 27 voisins du continent. Ami de Londres, le premier ministre néerlandais Mark Rutte ne cache pas que Mme May lui fait penser au chevalier noir des Monty Python qui continue de se déclarer invincible après que le roi Arthur lui a sectionné bras et jambes de son épée.

Mais le spectacle de Grand-Guignol masque un scénario préoccupant : le délitement de la monarchie parlementaire britannique, la plus ancienne et la plus enracinée des démocraties européennes. Le drame, qui réjouit autant Vladimir Poutine que Donald Trump, a commencé de se nouer dès la décision de David Cameron d’organiser un référendum sur la sortie de l’UE. Seulement deux référendums nationaux avaient eu lieu auparavant : l’un sur l’adhésion à la Communauté économique européenne en 1975, l’autre en 2011 sur la réforme du système électoral. Dans ces deux cas, le verdict populaire avait été conforme à l’avis majoritaire des députés.

Erreurs tactiques

Le référendum sur le Brexit de 2016, lui, a introduit une rupture : 51,9 % des Britanniques ont choisi le Brexit tandis que les trois quarts des députés ont voté contre. Depuis lors, la vénérable démocratie parlementaire est en conflit avec le vote du peuple. « Souveraineté parlementaire contre souveraineté populaire », la dissertation pour étudiant en droit de première année n’est plus à Londres une question théorique. Le clivage a produit une crise de régime. Dans la Constitution non écrite du pays, l’exécutif contrôle la Chambre des communes puisque le premier ministre est le chef du parti qui y détient la majorité. Gouvernement et Parlement sont aujourd’hui en conflit permanent.

Deux éléments exacerbent cette crise : d’une part, l’incapacité des députés à dégager une majorité sur une forme de Brexit, qui résulte de l’échec de Mme May lors des imprudentes élections anticipées de 2017 ; d’autre part, les incessantes maladresses d’une première ministre rigide, étroite d’esprit, oratrice médiocre et inapte à la communication. Mme May a commis une impressionnante série d’erreurs tactiques : déclencher la procédure de divorce avant d’avoir la moindre idée sur le mode de cohabitation future, poser des « lignes rouges » vis-à-vis de l’UE contraires aux intérêts économiques de son pays, déclencher des élections qui lui ont fait perdre la majorité et en ont fait l’otage d’un parti extrémiste nord-irlandais.

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