les sombres prévisions économiques de la Commission européenne

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Au marché aux poissons d’Athènes, le 5 mai, aux premiers jours d’un déconfinement progressif.
Au marché aux poissons d’Athènes, le 5 mai, aux premiers jours d’un déconfinement progressif. LOUISA GOULIAMAKI / AFP

C’est une récession sans précédent que va connaître l’Europe en 2020. Et il lui faudra au moins deux ans pour s’en remettre. Entre-temps, le chômage se sera envolé, l’inflation aura plongé, les comptes publics se seront dégradés… et les divergences entre l’Europe du Nord et du Sud se seront encore accrues, mettant en danger la cohérence même de la construction européenne. Tel est le tableau apocalyptique que dresse la Commission dans ses prévisions de printemps, publiées mercredi 6 mai.

A en croire ses économistes, le produit intérieur brut (PIB) de l’Union européenne devrait chuter de 7,4 % en 2020, avant de remonter de 6,1 % en 2021. Et pour cause : tous les moteurs de la croissance (consommation, production, investissements, exportations) sont à l’arrêt. Un certain temps sera nécessaire avant qu’ils retrouvent leur niveau d’avant-crise.

Infographie Le Monde

Pour les dix-neuf pays de la zone euro, l’économie devrait se contracter encore davantage (– 7,7 % en 2020 et + 6,3 % en 2021), compte tenu du poids relativement élevé des pays du Sud en son sein. C’est la Grèce qui, bien qu’elle ait été jusqu’ici peu atteinte par la pandémie, souffre le plus : après des années de réduction de la sphère publique, et en proie à une dette qui reste très élevée, Athènes n’a pas les moyens de soutenir son économie.

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L’Espagne et l’Italie, qui ont subi de plein fouet les ravages du Covid-19, ne font pas beaucoup mieux, avec, elles aussi, une baisse de leur PIB supérieure à 9 % cette année. Très endettés, ces deux pays ne disposent pas non plus d’une marge de manœuvre budgétaire à la hauteur de la crise.

Triple injustice

Quant à la France, elle arrive juste derrière, dans ce triste palmarès. En 2020, son activité devrait se contracter de 8,2 % et le taux de chômage repasser la barre des 10 %. Dans la foulée, le déficit et la dette publics y grimperaient, respectivement, à 9,9 % et 116,5 % du PIB (contre 8,5 % et 102,7 % en moyenne dans la zone euro).

C’est en Pologne (– 4,3 % en 2020) que les effets de la pandémie se font le moins sentir

L’Allemagne, qui présentait des surplus budgétaires avant que le Covid-19 s’abatte sur le monde et qui a moins été atteinte par le virus que l’Italie, l’Espagne ou la France, s’en sort mieux, avec un recul de son PIB de 6,5 % en 2020. C’est en Pologne (– 4,3 % en 2020) que les effets de la pandémie se font le moins sentir.

Il y a, dans cette crise, une triple injustice, qui relève du pur hasard. Non seulement le Covid-19 ne frappe pas de la même manière d’un pays à l’autre, du moins pour l’instant. Mais, en plus, il sévit surtout là où le tourisme – gravement et durablement affecté – pèse lourd dans l’économie et où les moyens budgétaires sont les plus faibles.

Infographie Le Monde

Comme l’a fait remarquer Paolo Gentiloni, commissaire à l’économie, dans un entretien aux Echos le 30 avril, les dépenses publiques pour soutenir l’activité « s’établissent en moyenne à 2,5 % ou 2,6 % du PIB dans l’Union européenne, mais la réalité va de 1 % à 3 %. Même constat au sujet de la liquidité injectée pour soutenir les systèmes bancaires et les entreprises : elle va de 7 % à 18 % des PIB nationaux ».

« Divergences »

Conséquence : ce ne sont pas les pays les plus meurtris par la pandémie qui rebondiront le plus quand le virus aura disparu. Ainsi, fin 2021, le PIB italien sera encore 3 % en dessous de son niveau de fin 2019, l’écart sera de 2 % pour l’Espagne et de 1 % pour la France. A l’inverse, la richesse nationale allemande sera, à cette échéance, supérieure de 1 % à celle qu’elle était deux ans plus tôt. Quatre autres pays auront également effacé les dégâts de la crise : l’Autriche, la Croatie, la Slovaquie et la Pologne.

« Ces divergences, répète l’ex-président du conseil italien en présentant ces prévisions, menacent le marché unique et la zone euro. » Dès lors, insiste-t-il, l’Europe doit se montrer solidaire, et prendre à sa charge une grande partie des dépenses que devront faire Rome, Athènes ou Madrid pour se remettre de cette récession sans précédent. Une vision qui ne fait l’unanimité ni au sein de la Commission ni au sein des Etats membres, où les lignes de fracture restent fortes entre le Nord et le Sud.

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Lors du dernier Conseil européen, le 23 avril, les Vingt-Sept ont chargé la Commission de réfléchir à un plan de relance à même de prendre la relève des mesures d’urgence d’ores et déjà actées et d’aider l’Europe à rebondir quand le virus aura été éradiqué. Celle-ci devrait présenter ses propositions le 20 mai. « Elle le fera quand elle pensera qu’une convergence de vue entre la France et l’Allemagne sera devenue possible. On n’y est pas encore », commente un diplomate.

Ces prévisions, prévient la Commission, pourraient être encore plus sombres. Car son scénario part du principe que le déconfinement sera graduel à partir de mai, et exclut donc une seconde vague de confinement. Tout comme il n’anticipe pas que les échanges entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, actuellement en pleine négociation sur leur relation future après le 31 décembre, seront appelés à diminuer. Autant d’aléas à la baisse…

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