à Madagascar, un plan de relance désespérément attendu par le secteur privé

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Dans une rue d’Antananarivo, la capitale malgache, le 27 avril 2020.
Dans une rue d’Antananarivo, la capitale malgache, le 27 avril 2020. RIJASOLO / AFP

C’est un plan de soutien attendu depuis deux mois par le secteur privé de Madagascar. Dans un document que Le Monde Afrique s’est procuré, le gouvernement détaille les aides qui seront allouées aux entreprises subissant la crise économique déclenchée par la pandémie de Covid-19. Contrats stoppés, livraisons non payées, difficultés d’approvisionnement, stocks non écoulés…

Le contexte insulaire intensifie les répercussions économiques des mesures de confinement. Les projections de croissance pour la Grande Île ont été drastiquement revues à la baisse. Alors que le produit intérieur brut (PIB) avait progressé de 4,8 % en 2019, le Fond monétaire international (FMI) table sur une quasi-stagnation (+0,4 %) pour 2020 – au lieu des 5,2 % initialement prévus – puis un rebond en 2021. « Ce scénario pourrait toutefois se révéler optimiste en fonction de l’évolution de la conjoncture internationale », précise Marc Gérard, le représentant du FMI à Madagascar.

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La crise sanitaire a fait peu de ravages jusqu’ici, avec seulement 149 cas officiellement recensés et aucun décès. Pourtant, absorber le choc économique ne sera pas chose facile, alors que l’économie malgache n’était déjà pas florissante avant le nouveau coronavirus. Malgré quelques voyants au vert – dont un endettement faible –, le pays accuse en effet l’un des taux de pauvreté les plus élevés du monde : 75 % de la population vit avec moins de 2 euros par jour, selon la Banque mondiale.

Banque mondiale, AFD, UE et Etat

Un plan de 347,5 millions de dollars (soit 2,5 % du PIB) a donc été élaboré pour soutenir l’économie. Celui-ci associe des bailleurs tels que la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD), l’Union européenne (UE), mais aussi l’Etat malgache. L’appui aux entreprises représente la plus grosse part du projet, à hauteur de 295 millions de dollars (quelque 272 millions d’euros), et prévoit dans certains cas une prise en charge partielle des salaires.

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Le plan s’intéresse aussi au tourisme, un secteur porteur pour Madagascar. Cette industrie en plein essor repose sur des bases fragiles compte tenu de la pauvreté chronique de l’île qui empêche le développement des infrastructures. Un fonds de soutien à la consommation de prestations touristiques est désormais prévu, grâce à un crédit à la consommation de 10 millions de dollars, apporté par l’AFD et la Banque mondiale. Enfin, à travers des projets financés par les bailleurs, les PME en difficulté devraient bénéficier d’une enveloppe de 5 millions de dollars, financée par la Banque mondiale.

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Ce plan sera-t-il suffisant pour endiguer les répercussions de la crise sanitaire ? S’il est encore difficile d’évaluer précisément les pertes, les conséquences se font déjà sentir. « Dès le mois de février, nous avons eu des problèmes d’approvisionnement, déplore Herilanto Rakotoarisoa, le président du Groupement des entreprises franches et partenaires (GEFP) de Madagascar. L’exportation des entreprises franches représente près de 30 % du PIB malgache. La plupart de nos entreprises textiles exportent vers l’étranger. Les commandes livrées ne sont pour l’instant pas payées, ce qui nous pose de gros problèmes de trésorerie. Plusieurs entreprises indiquent avoir eu leurs contrats stoppés. »

L’ébauche d’une sortie de crise

L’aide de l’Etat s’est faite attendre. « On se sent un peu abandonné, confie un opérateur qui souhaite rester anonyme. Il n’y a rien de concret ni de sérieux pour le moment. Certes, le gouvernement a reporté les échéances de certaines taxes, mais la dette existe toujours. Il faut des mesures plus incitatives. On est dans un pays qui dépend à 80 % des importations. Tous les pays commencent se replier, les coûts vont peut-être augmenter et la consommation ne va pas être relancée tout de suite. »

Dans le secteur de la vanille – Madagascar assure 80 % de la production mondiale –, un opérateur indique qu’un décret a été pris leur permettant d’écouler leurs stocks jusqu’au 31 mai. « Passé cette date, c’est le flou total. On ne sait pas ce qui va advenir l’année prochaine », s’inquiète-t-il.

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Le plan de soutien, qui doit être officiellement présenté prochainement, pourrait constituer l’ébauche d’une sortie de crise. Même si des critiques sont déjà émises par certains observateurs. « Je crains que les aides ne bénéficient au final qu’à un pool d’entreprises proches du pouvoir, car il n’y a pas de mesures universelles s’appliquant à tout le monde, explique Ketakandriana Rafitoson, la directrice exécutive de Transparency International. Les critères appliqués aux différents objectifs laissent présager des inégalités de traitement. »

Infrastructures défaillantes

« En matière budgétaire, ce sont de bonnes mesures pour amortir le choc, estime en revanche Rado Ratobisaona, le président du Cercle de réflexion des économistes de Madagascar (CREM). Mais ce sont pour moi des pansementsqui ne règlent pas les problèmes de fond qui existaient avant la pandémie. L’économie malgache est une économie désarticulée ; il suffit qu’un secteur s’effondre pour que les autres suivent. »

Le cœur du problème, estime l’universitaire, tient aux infrastructures défaillantes en matière d’eau, d’électricité, de transport. « Or il n’en est pas fait mention. Il faudrait que la pandémie soit une opportunité pour que Madagascar prenne vraiment un nouveau départ », conclut-il.

Le risque de crise alimentaire est aussi évoqué. « Aucun pays l’année prochaine n’exportera le même volume de produits alimentaire et au même prix que cette année, affirme Rado Ratobisaona. Pourtant, on a un besoin structurel de 200 000 tonnes de riz par mois. Est-ce que nous serons en mesure d’acheter ce riz-là ? Nous allons importer une inflation dans le pays. Il faut que l’on aille vers l’autosuffisance et que les dirigeants l’encouragent. »

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