Des réfugiés rohingya internés sur une île submersible du golfe du Bengale

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Des réfugiés rohingya secourus par des gardes-côtes bangladais, le 16 avril, près de Cox’s Bazar.
Des réfugiés rohingya secourus par des gardes-côtes bangladais, le 16 avril, près de Cox’s Bazar. Suzauddin Rubel / AP

L’épidémie de Covid-19 va-t-elle servir de prétexte au Bangladesh ? Alors qu’il avait renoncé, début mars, à son projet d’installer 103 000 réfugiés rohingya sur un îlot perdu dans le golfe du Bengale, le gouvernement ­dirigé par Sheikh Hasina a fait débarquer sur place 29 membres de cette minorité ethnique, dimanche 3 mai.

Ces personnes représentaient « un risque de contagion » trop élevé pour pouvoir rester sur le continent, a expliqué le ministre des affaires étrangères, AK Abdul Momen, omettant de mentionner que les intéressés venaient de passer plus de deux mois en pleine mer, avec une probabilité quasi nulle d’être contaminés. Le Bangladesh ne compte pour l’instant que 10 143 cas de Covid-19 et ne déplore que 182 morts, mais le pays, placé en confinement le 26 mars, vient de décider de le rester jusqu’au 16 mai au moins.

« L’île qui flotte »

C’est samedi 2 mai vers 3 heures du matin, selon plusieurs témoins joints par Le Monde, que cette séquence a démarré. Un bateau de pêcheur a réussi à se faufiler dans l’estuaire de la rivière Bakkhali qui marque l’entrée de Cox’s Bazar, la ville la plus méridionale du pays, toute proche de la Birmanie. L’esquif avait à son bord quarante Rohingya ayant réussi à s’extirper quelques heures plus tôt d’un plus gros bateau, qui erre depuis début mars entre le golfe du Bengale et la mer ­d’Andaman, dans le but de jeter l’ancre en Malaisie et d’y déposer 324 réfugiés.

Un autre navire où s’entasseraient entre 500 et 800 « boat people » a été repéré dans les eaux territoriales birmanes. Arguant de la pandémie de Covid-19, Kuala Lumpur a interdit tout accostage sur ses côtes, et les deux embarcations, après une autre tentative avortée en Thaïlande, ont rebroussé chemin pour regagner le Bangladesh, d’où elles étaient parties.

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Un habitant de Cox’s Bazar raconte avoir vu les quarante res­capés « s’échouer » sur le rivage boueux de Nunier Chara, lieu-dit qui jouxte la piste de l’aéroport. Une dizaine d’entre eux ont réussi à se volatiliser dans la nature, tandis que les autres, huit hommes, quinze femmes et cinq enfants affamés, ainsi qu’un homme qui sera accusé plus tard d’être un trafiquant d’êtres humains, ont été arrêtés par la police. Tous ont été remis aux gardes-côtes qui les ont transportés dimanche à Bhasan Char (« l’île qui flotte », en bengali), à trois heures de navigation de là.

Un bateau de réfugiés rohingya arraisonné par les autorités malaisiennes, le 5 avril.
Un bateau de réfugiés rohingya arraisonné par les autorités malaisiennes, le 5 avril. AP

C’est la première fois que des membres de la communauté musulmane rohingya posent le pied à cet endroit. Une terre insalubre, apparue il y a une vingtaine d’années par accumulation de sédiments charriés depuis l’Himalaya par les bras emmêlés du Gange et du Brahmapoutre. Lorsque les Rohingya fuyant les persécutions de l’armée birmane sont arrivés au Bangladesh par centaines de milliers, en 2016 mais surtout à partir d’août 2017, Sheikh Hasina avait chargé la marine bangladaise d’investir cette île submersible exposée aux typhons – 6 000 hectares à marée basse, 4 000 à marée haute – et d’y bâtir un camp de rétention de la taille d’une ville, avec plusieurs centaines d’immeubles collectifs, des dispensaires, des écoles, des mosquées et de nombreuses caméras de surveillance.

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