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Pour l’économiste, la crise affectera fortement les Etats-Unis, et la Chine sortira renforcée de l’épreuve.
Une crise financière peut-elle suivre une crise sanitaire ?
Les banques vont aller très mal aux Etats-Unis, car le gouvernement américain n’a pas fait comme le gouvernement européen et n’essaye pas d’empêcher la hausse du chômage, ce qui va générer des pertes de revenu considérables pour beaucoup de gens. Comme par le passé, ces derniers vont arrêter de rembourser leurs crédits, ce qui provoquera une crise bancaire. En Europe, je ne pense pas que cela arrivera car il n’y aura pas de hausse massive des faillites, les banques s’endettent à moins de 0,75 % auprès de la BCE.
Pourquoi, selon vous, la crise serait-elle plus importante aux Etats-Unis qu’en Europe ?
Pour trois raisons. La première est donc la montée du chômage et du défaut sur les crédits des ménages ; la deuxième, c’est le poids de la crise sur les effets de richesse foncière, notamment pour les retraités et les futurs retraités ; et la troisième, c’est le pétrole. Le prix du brut sera durablement, et pas seulement pendant quelques mois, plus bas que ce que peut supporter le pays. Pour exploiter du pétrole aux Etats-Unis, il faut un prix du baril de l’ordre de 35 dollars (32 euros), aujourd’hui on est à 12 (11 euros). Donc si on ne remonte pas à 35, on arrêtera de produire sur place, ce qui serait un choc colossal pour l’industrie américaine. Et ce que je dis du pétrole est aussi vrai du gaz. Le prix du gaz aujourd’hui ne couvre pas les coûts de production aux Etats-Unis.
Ce qui a un sens économique puisque l’on consommera moins de pétrole au cours du temps, avec l’évolution des règles climatiques. On devrait arrêter d’en utiliser en 2050. L’intérêt est donc de consommer au fur et à mesure les pétroles les moins chers. D’où les abandons au Canada, en Arctique ou dans l’offshore profond. Les Américains persistaient à vouloir produire du pétrole cher, parce qu’ils le puisaient chez eux. Sans doute cela va-t-il s’arrêter, et ce sera un choc affreux pour l’économie américaine car des millions d’emplois seront détruits.
La Chine sortira-t-elle gagnante de la crise ?
Elle s’en est jusqu’ici plutôt bien sortie. Bien sûr, il y a plus de morts que les chiffres officiels ne l’annoncent mais elle a géré vite la crise, donc la croissance économique repartira plus tôt qu’ailleurs. De plus, le pays est assis sur une montagne d’épargne qui lui permet d’intervenir dans le reste du monde et d’aider plein de pays, donc d’augmenter son pouvoir politique. Enfin, comme l’économie reste assez fermée – les exportations représentent 20 % du PIB, soit moins qu’en France –, la faiblesse durable du commerce mondial ne sera pas si pénalisante.
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