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EnquêteCovid-19 : la déflagration géopolitique 3/3. Dans une série d’enquêtes, « Le Monde » expose les failles provoquées au sein des structures multilatérales par la crise sanitaire. Aujourd’hui, l’Union européenne, ébranlée par une épidémie qu’elle n’a pas vu venir.
Le 10 mars, la ministre des affaires étrangères suédoise, Ann Linde, est à Paris, pour une visite bilatérale. Dans la matinée, elle nous reçoit à l’ambassade de Suède ; la ministre, nous a-t-on expliqué, a des choses à dire sur l’Ukraine, d’où elle revient, la Russie, l’élargissement de l’Union européenne (UE) aux Balkans, toutes sortes de sujets diplomatiques chauds. L’actualité, cependant, nous incite à l’interroger d’abord sur une question brûlante : que pense-t-elle de la réponse européenne à l’épidémie provoquée par le coronavirus ?
A ce stade-là, l’Europe, comme l’orchestre du Titanic, ignore superbement qu’elle est en train de chavirer. Nous nous abstenons de serrer la main de la ministre, mais les « gestes barrières », nouveau code du sanitairement correct, ont encore quelque chose d’irréel.
Ann Linde botte en touche : la question sanitaire, répond-elle, relève des autorités nationales. Mais, quand même, insistons-nous, c’est un virus qui traverse les frontières, ne devrait-on pas s’organiser à l’échelle européenne ? La ministre suédoise évoque quelques démarches, puis, de nouveau, repousse la question : la santé est de la compétence des Etats, pas de l’UE. On ferme le ban. Et on passe à l’Ukraine.
Formellement, Ann Linde a raison. Elle n’est pas non plus la seule, à ce stade, à ne voir dans l’épidémie qu’une crise sanitaire, sans en mesurer la dimension politique ni imaginer le tsunami à venir. La présidente de la Commission européenne elle-même, Ursula von der Leyen, a tenu, la veille, à Bruxelles, une étonnante conférence de presse pour marquer ses cent premiers jours à la tête de la Commission. Il y a été beaucoup question du Green Deal, d’écologie, d’économie. Le coronavirus ? « On suit la situation en Italie. »
La situation, en fait, est dramatique. Ce jour-là, l’Italie compte déjà les morts par centaines, l’Espagne par dizaines, et les services des urgences hospitalières du Grand Est français commencent à voir affluer les patients. Cela fait une semaine que, à Paris, le président Macron a annoncé bouleverser son agenda « pour se concentrer sur la gestion de la crise ».
La veille de la conférence de presse de Mme von der Leyen, le nord de l’Italie a été placé sous strict confinement et un conseil de défense s’est tenu à l’Elysée. Emmanuel Macron demande alors à Charles Michel, le président du Conseil européen, où sont représentés les vingt-sept Etats membres de l’UE, de convoquer une réunion extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement. Cette réunion, la première en visioconférence, a lieu le 10 mars. Le lendemain, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qualifie l’épidémie de Covid-19 de pandémie : la crise sanitaire est désormais mondiale. Et l’Europe, après la Chine, en est l’épicentre.
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