Jeff Bezos, sujet incontournable en temps de crise

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Jeff Bezos, le 6 juin 2019 à Las Vegas.
Jeff Bezos, le 6 juin 2019 à Las Vegas. John Locher / AP

L’épidémie de coronavirus est survenue, et Amazon était là. Plus puissante que jamais. Dans une Amérique confinée, l’entreprise fondée par Jeff Bezos a changé de nature. L’ancienne librairie Internet de Seattle est presque devenue un service public recentré sur la livraison de produits alimentaires et médicaux de première nécessité. C’est ainsi que le leader américain du commerce par le Net se présente. « Les employés d’Amazon travaillent 24 heures sur 24 pour livrer les produits de première nécessité, à la porte des gens qui en ont besoin », écrivait mi-avril Jeff Bezos, dans sa lettre aux actionnaires. Le propos n’est pas complètement faux, comme le reconnaît le New York Times, dans une enquête pourtant très critique. « Plus le monde se dégrade rapidement, plus l’entreprise est attrayante. L’arrivée du coronavirus, qui a fait du déplacement au supermarché un risque et un supplice, n’a fait qu’accélérer le processus ».

Dans un monde où tout s’écroule, où l’Etat fédéral et la Fed impriment les dollars sans compter pour sauver l’économie, Amazon affiche une santé insolente. Son action a touché mi-avril un plus haut historique de 2 461 dollars (2 282 euros), en hausse d’un tiers depuis le début de l’année. L’entreprise vaut 1 200 milliards de dollars, plus de cent fois ses bénéfices, et la fortune personnelle de son fondateur, qui détient 11,2 % des actions, atteint désormais 145 milliards de dollars. L’homme le plus riche du monde devance largement Bill Gates et Bernard Arnault qui tournent autour de 100 milliards, selon le magazine Forbes : en moins d’un an, Bezos a presque effacé l’accord douloureux de divorce conclu avec son ancienne épouse MacKenzie Bezos, qui avait amputé sa fortune de 38 milliards de dollars.

Dans un pays qui admire les entrepreneurs, Bezos n’est que le huitième patron le plus populaire des Etats-Unis avec 26 % d’avis favorables selon la société YouGov

Dans un pays qui admire les entrepreneurs, Bezos n’est que le huitième patron le plus populaire des Etats-Unis avec 26 % d’avis favorables selon la société YouGov (loin derrière les 58 % de Bill Gates). Sans doute parce qu’il a la réussite brutale des titans du XIXsiècle, John Davison Rockefeller dans le pétrole et Andrew Carnegie dans l’acier. Comme eux, parti de rien, Jeff Bezos a multiplié les coups de génie pour transformer en empire sa librairie Internet fondée en 1994.

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Dans les années 2000, il ouvre sa plate-forme à tous les fabricants de la planète, pour devenir un supermarché mondial, et fidélise ses clients en leur promettant une livraison en deux jours au prix de 119 dollars par an. Puis, après la grande récession, il construit des entrepôts gigantesques dans la plupart des Etats américains, alliant robots et ouvriers, pour fournir tous les ménages américains. Mais comme Rockefeller et Carnegie, il a aussi maltraité ses salariés, combattu les syndicats, usé de sa position dominante et laminé ses fournisseurs, en pratiquant ce qui a été qualifié en interne de stratégie du léopard contre la gazelle : épuiser ses proies en commençant par les plus faibles. Dans un curieux aveu, semi-inconscient, Bezos avait rédigé au début de la décennie un mémo baptisé Amazon. love, dans lequel il décrivait ses valeurs et ce qui était « cool ». Un antiportrait des pratiques d’Amazon. Dix ans plus tard, il a une opportunité de changer son image. Sauveur ou profiteur de crise, l’Amérique frappée par le Covid-19 se déchire plus que jamais sur Amazon et son fondateur si controversé.

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