aux racines de la violence d’extrême droite

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Publié aujourd’hui à 14h32

La jeune femme a jeté un froid dans la salle comme on jette un pavé de colère dans une mare de consensus. Jusqu’ici, l’hommage funèbre aux dix victimes de l’attentat de Hanau, commis le 19 février par un extrémiste de droite, se déroulait dans le calme et le recueillement. En ce 4 mars pluvieux et venteux, le maire de la commune, Claus Kaminsky, le ministre-président du Land (Etat-région) de Hesse, Volker Bouffier, et le président de la République fédérale d’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, avaient pris la parole avec émotion au centre de conférences de la ville. Entre chaque officiel, un parent ou un proche d’une victime. La cérémonie était retransmise sur des écrans géants dans cette ville-dortoir située à une vingtaine de kilomètres à l’est de Francfort. La chancelière Angela Merkel, présente au premier rang, n’avait pas dit un mot pour des raisons protocolaires. Elle avait dénoncé quelques jours auparavant le « poison du racisme ». Tous avaient répété que l’extrémisme ne vaincrait pas, que le pays appartient à tous, quelle que soit la couleur de peau ou la religion.

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Saida Hashemi s’est exprimée en dernier. Son frère, Said Nesar, a été abattu comme les autres, à bout portant. Tout de noir vêtue, la voix monocorde, de sages lunettes posées sur un visage rond, elle a asséné quelques vérités : « Mon cœur s’est brisé quand j’ai appris la mort de mon frère, cette nuit-là. Mais mon cœur se brise aussi chaque fois qu’on écorche mon nom, chaque fois qu’on me demande de quelle nationalité je suis, alors que je suis allemande. Mon cœur se brise chaque fois que je dois cacher mon nom pour obtenir un travail ou un logement. Mon cœur est brisé de savoir qu’un homme qui portait tant de haine en soi et la diffusait sur Internet pouvait vivre parmi nous, au milieu de cette ville, sans que personne ne s’en inquiète. » Ce fut le seul accroc d’une cérémonie conclue par l’allumage d’une bougie pour chacune des victimes.

Hanau (Hesse),  le 22 février.  Fleurs, bougies et photos entourent la statue des frères Grimm, originaires de la ville. Des passants ont ainsi rendu hommage aux victimes du massacre perpétué  le 19 février par un extrémiste de droite allemand de 43 ans.
Hanau (Hesse),  le 22 février.  Fleurs, bougies et photos entourent la statue des frères Grimm, originaires de la ville. Des passants ont ainsi rendu hommage aux victimes du massacre perpétué  le 19 février par un extrémiste de droite allemand de 43 ans. Michael Danner/LAIF-REA

Au-delà du racisme ordinaire d’une société allemande réticente à regarder en face ses démons, Saida Hashemi a soulevé une question majeure : la menace posée par l’extrême droite radicale est-elle prise au sérieux dans ce pays ? Le passé récent ne plaide pas pour l’affirmative. Bilan des douze derniers mois : l’assassinat, le 2 juin 2019, du préfet de Cassel (Hesse), Walter Lübcke, proche d’Angela Merkel, dont il avait soutenu la politique d’accueil en faveur des réfugiés ; l’attentat de Halle (Saxe-Anhalt), le 9 octobre 2019 (une passante tuée devant la synagogue et un homme mitraillé dans un restaurant turc) ; la double attaque à l’arme à feu contre deux bars à chicha de Hanau, le 19 février (dix morts, dont la mère de l’auteur, lequel s’est ensuite suicidé) ; sans compter une multitude de crimes et délits de moindre envergure, meurtres racistes non élucidés, incendies de centres de demandeurs d’asile et de commerces ou domiciles appartenant à des immigrés, tags sur des synagogues, des mosquées et dans des cimetières…

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