« L’OMS est encadrée par les Etats bien plus qu’elle ne les encadre »

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Professeur de sciences politiques à Sciences Po Paris, Guillaume Devin est spécialiste du multilatéralisme. Auteur de nombreux ouvrages sur cette technique de concertation et la paix, il a codirigé, avec Franck Petiteville et Simon Tordjman, L’Assemblée générale des Nations unies (Presses de Sciences Po, 300 pages, 24 euros).

La gestion désordonnée de la lutte contre le Covid-19 a mis en lumière les défaillances du multilatéralisme. Comment l’expliquez-vous ?

Il n’y a pas de « défaillances du multilatéralisme » mais une faiblesse des institutions multilatérales qui ne sont que ce que les Etats veulent bien qu’elles soient. Le multilatéralisme est une forme de coopération institutionnalisée entre plusieurs Etats tournée vers la recherche de solutions communes dans des situations où les intérêts en présence sont à la fois conflictuels et complémentaires. La facilitation des échanges en est un exemple classique. Ce processus n’a pas connu, à proprement parler, « d’âge d’or » mais des « moments » plus favorables que d’autres.

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La crise sanitaire actuelle s’inscrit sur un fond de difficultés que l’on observe depuis maintenant plus d’une dizaine d’années. L’aspect le plus connu est la paralysie du Conseil de sécurité des Nations unies qui nous ramène au temps de la guerre froide, mais selon une configuration un peu différente : le repli des Etats-Unis, le blocage de la Russie et la stratégie de conquête de la Chine. La lecture des procès-verbaux du Conseil de sécurité au cours de l’année 2019 est édifiante : ces trois Etats qui détiennent une clé essentielle de la coopération internationale ne sont d’accord sur rien ou presque. On le constate encore pour la mise au point laborieuse d’une résolution sur le Covid-19.

A ce blocage politique, il faut ajouter deux autres faiblesses des institutions multilatérales. La première, qui est peut-être le revers d’un certain succès, c’est le foisonnement d’initiatives mal coordonnées qui aboutit à un multilatéralisme « brouillon ». La seconde, qui n’est pas sans rapport, concerne la profusion de normes que les enceintes multilatérales produisent et dont on ne sait pas toujours quelle est la force obligatoire. Dans ces conditions, on comprend que le multilatéralisme apparaisse difficile à mobiliser politiquement et fonctionnellement pour gérer la lutte contre le Covid-19.

Alors que l’OMS a été confrontée aux précédentes crises (SRAS, Ebola), comment expliquez-vous que cette organisation n’ait pas obtenu plus de moyens et de compétences ?

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