A Sao Paulo, le maire lutte contre le coronavirus et son propre cancer

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Le maire de Sao Paulo Bruno Covas le 22 avril dans son bureau.
Le maire de Sao Paulo Bruno Covas le 22 avril dans son bureau. AVENER PADRO POUR LE MONDE

Plus un cheveu, plus un poil. Des joues blafardes. Des lèvres pâles. Des yeux noirs comme des puits. Et ce front presque transparent, sur lequel se lisent l’angoisse, la peur et tant d’autres sentiments mêlés… Le visage de Sao Paulo, à l’heure du coronavirus, est un masque de mort : celui de son maire, Bruno Covas, 40 ans seulement, mais atteint d’un grave cancer du tube digestif, qui mène de front la bataille pour sa ville et celle pour sa propre vie.

Ici aussi, la « guerre » contre le virus est déclarée. Monsieur le maire, tel un général en campagne, a fait de sa mairie un bunker et déménagé son lit au bureau, au cinquième étage de l’imposant edificio Matarazzo, bâti en 1939 dans le style mussolinien. Des bouteilles d’eau, du gel hydroalcoolique, des dossiers, des fauteuils en cuir, un portemanteau… le campement est austère, dans cette vaste salle dallée de gris. Au mur, la très académique Fondation de Sao Paulo, toile peinte en 1913 par Antônio Parreiras, représentant des jésuites priant en plein air, peine à égayer l’atmosphère de fin du monde qui règne à la mairie.

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L’édile doit éviter tout contact. Sa santé est fragile. Beaucoup le disaient condamné il y a quelques mois à peine. « Je voulais d’abord être vingt-quatre heures sur vingt-quatre au travail, à la mairie », prévient M. Covas par téléphone.

C’est dans son bureau que le maire a fêté ses 40 ans, le 7 avril. Là, aussi, qu’il a pleuré sa grand-mère adorée, Lila, décédée le 21 mars, à 87 ans. Tout ça seul, ou presque, avec pour compagnie quelques objets religieux posés sur une table basse. Rosaires, portraits de Jésus, de moines à tonsure et de saintes noires du Brésil… « Ce sont des cadeaux, confie-t-il. Ils veillent sur moi dans les deux luttes que je mène, privée et publique. »

Testé négatif au Covid-19, Bruno Covas ne sort de l’hôtel de ville que pour des conférences de presse ou de rapides visites de terrain, ciblées. Une fois tous les quinze jours, il se rend également à l’hôpital pour une séance d’immunothérapie, afin d’en finir avec ces dangereuses métastases qui poursuivent leur travail de sape près de l’estomac. « L’immunothérapie renforce mes défenses naturelles et je ne me sens pas du tout fatigué, assure-t-il. Selon les médecins, je ne fais pas partie du groupe à risque. »

Comment confiner une ville monstre ?

Le maire a un nom prédestiné pour le drame. Covas, en portugais, signifie « sépultures » ou « fosses ». A Sao Paulo, épicentre de l’épidémie au Brésil, on en remplit et on en creuse par dizaines dans les cimetières : officiellement, le Covid-19 a tué 919 personnes dans la cité au 22 avril, soit un tiers du total des victimes du pays. Des chiffres largement sous-évalués : comme ailleurs au Brésil, les autorités locales, débordées, peinent à comptabiliser tous les décès liés au coronavirus (plus de 1 400 morts suspectes doivent encore être authentifiées dans la ville). Le pic de l’épidémie est attendu pour en mai. Combien de victimes à prévoir à Sao Paulo ? 10 000 ? 20 000 ? 30 000 ? Personne ne sait. Personne n’ose trop savoir.

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