L’Amérique latine devrait connaître la pire récession de son histoire en 2020, alerte une agence de l’ONU

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Alicia Barcena, secrétaire générale de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, le 10 décembre 2018, à Marrakech.
Alicia Barcena, secrétaire générale de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, le 10 décembre 2018, à Marrakech. FADEL SENNA / AFP

« Les effets du Covid-19 vont engendrer la récession la plus grande qu’ait souffert la région depuis 1914 et 1930 », a alerté, mardi 21 avril, la secrétaire générale de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepal), Alicia Barcena, lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Santiago du Chili.

La Cepal, une agence de l’ONU, prévoit une contraction de l’économie de l’ordre de 5,3 %, dans une région qui vivait déjà un moment de fragilité économique : entre 2010 et 2019, le taux régional de croissance du Produit intérieur brut (PIB) était passé de 6 % à 0,2 %. La récession s’était particulièrement fait sentir ces cinq dernières années.

La contraction de l’économie en 2020 devrait signifier une hausse de 4,4 points du taux de pauvreté, qui passerait de 30,3 % à 34,7 %, selon la Cepal. En d’autres termes, quelque 29 millions de personnes tomberont sous le seuil de pauvreté, dont 16 millions dans la grande pauvreté. Le chômage, lui, devrait se situer aux alentours de 11,5 %, en hausse de 3,4 points par rapport à 2019.

« Pour retrouver une contraction de cette ampleur, il faut remonter à la Grande Dépression de 1930 (5 %) ou plus loin encore, à 1914 (4,9 %) », précise le rapport intitulé « Prendre la dimension des effets du Covid-19 pour penser la réactivation » et présenté, mardi, par Alicia Barcena.

Venezuela, Argentine, Mexique et Equateur les plus touchés

Les pires récessions annoncées concernent, en premier lieu, le Venezuela, avec –18 %. L’Argentine, le Mexique et l’Equateur devraient connaître une contraction de leur économie de l’ordre de 6,5 %, le Nicaragua de 5,9 %. Et certaines îles des Caraïbes, qui dépendent principalement du tourisme, seront les plus touchées (–7,2 % pour Antigua et Barbuda, –6,8 % pour les Bahamas, –8,1 % pour Sainte-Lucie…).

Cette récession, précise le texte, sera due en grande partie à la chute de l’activité économique mondiale à cause de la pandémie, surtout aux Etats-Unis, en Chine et en Europe, principaux partenaires commerciaux de l’Amérique latine et des Caraïbes. Les exportations régionales vers la Chine devraient être celles qui diminueront le plus –24,4 %). « Les pays les plus exposés sont l’Argentine, le Brésil, le Chili et le Pérou, les plus gros exportateurs de la région de produits [tels que le fer, le cuivre, le zinc, l’aluminium ou encore le soja] vers la Chine », précise la Cepal.

Les économies d’Amérique centrale dépendent fortement de l’argent envoyé par les migrants installés aux Etats-Unis à leurs familles restées au pays

Les économies d’Amérique centrale et, dans une moindre mesure, du Mexique, dépendent fortement de l’argent envoyé par les migrants installés aux Etats-Unis à leurs familles restées au pays. Cette ressource, qui représente 30 % du PIB de Haïti ou encore 20 % du PIB du Salvador ou du Honduras, pourrait souffrir une baisse de l’ordre de 10 % à 15 % en 2020. « Il pourrait se passer entre quatre et huit ans avant que les montants retrouvent leur niveau de 2019, alerte le rapport. Entre 80 % et 90 % de cet argent est utilisé pour couvrir les nécessités de base des foyers récepteurs (alimentation, santé, logement), et cette contraction aura des effets importants sur la consommation et la pauvreté. »

« Les dirigeants du G20 doivent insister pour que les organismes multilatéraux prêtent à des taux d’intérêt favorables et soulagent la dette des pays très endettés, en la reportant ou en l’annulant, a insisté Alicia Barcena. Sans quoi, les remboursements seront impossibles et l’espace fiscal sera en danger. Il faut des mesures exceptionnelles pour affronter une crise sans précédents. Il n’y aura pas de progrès sans la coopération et la solidarité internationales. »

L’organisme appelle aussi
à des changements structurels
dans les modes de production

Dans un entretien au Monde début avril, la secrétaire exécutive de la Cepal, qui estimait alors que la récession dans la région serait de l’ordre de –3 % en 2020, avait également appelé à la levée des sanctions contre le Venezuela et Cuba.

Dans son rapport, la Cepal se félicite des mesures économiques annoncées par divers pays pour faire face à la crise sanitaire, comme le Pérou, qui devrait destiner 7 % de son PIB à ces mesures, ou encore le Chili.

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L’organisme appelle aussi à des changements structurels dans les modes de production car « le retour à la normalité ne sera pas et ne doit pas être un retour à la situation qui existait avant la pandémie » : « Il faut privilégier des emplacements plus proches des marchés finaux de consommation et relocaliser (…) quand cela est économiquement viable, soutient le rapport de la Cepal. Dans ce contexte, l’intégration régionale est appelée à jouer un rôle clé dans la stratégie de développement des pays d’Amérique centrale et des Caraïbes », un marché de 650 millions d’habitants.

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