La fragile situation des Syriens de Turquie

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La queue pour la clinique mobile des Médecins du monde dans un camp improvisé à Torbali

OLGA KRAVETS / NOOR POUR ” LE MONDE”

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Publié aujourd’hui à 12h23

Il paraît loin, le temps où Recep Tayyip Erdogan menaçait l’Europe d’une nouvelle vague migratoire et décidait de ne plus tenir sa frontière avec la Grèce. C’était il y a moins d’un mois. Depuis, la pandémie de Covid-19 a rebattu les cartes. Le 18 mars, la Turquie a fermé ses frontières terrestres avec la Grèce et la Bulgarie pour limiter la propagation du nouveau coronavirus dans le pays. Les autorités turques ont ordonné aux plus de 65 ans et aux personnes atteintes de maladies chroniques de rester chez elles, sous peine d’amende. Les manifestations et rassemblements ont été interdits et les restaurants, cafés et autres espaces collectifs fermés.

Dans ce pays de 82 millions d’habitants qui accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens − 3,6 millions −, les conséquences de la pandémie inquiètent. « C’est une situation d’urgence qui va de nouveau toucher les plus démunis, migrants et réfugiés, redoute Hakan Bilgin, président de Médecins du Monde (MDM) en Turquie. Si tous ces gens n’ont plus de revenus, leur précarité va s’accroître. Rien n’est prévu pour qu’ils puissent se nourrir, se soigner, payer l’eau et l’électricité… C’est une crise dans la crise. »

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Proche-Orient : le retour impossible des réfugiés syriens

Izmir, troisième ville de Turquie en bordure de la mer Egée, réputée laïque et anti-AKP, accueille officiellement 150 000 réfugiés syriens – en réalité ils seraient beaucoup plus nombreux. Ils racontent une intégration fragile. Fadi Haydar menait grand train dans le secteur du bâtiment en Syrie. Aujourd’hui, cet homme de 43 ans a le sentiment de « perdre [son] talent » dans des chantiers pour 150 livres turques par jour (21 euros), tandis que sa femme, Racha Kamar, vend à des restaurants des plats syriens confectionnés dans sa petite cuisine.

Fadi Haydar, son fils Bassam dans les bras, sa femme, Racha Kamar, et leurs autres enfants, Hamza, 14 ans, Ahmed, 12 ans, et Taleb, 11 ans, le 11 mars, dans l’appartement que la famille réfugiée loue à Izmir. Ils ont quitté la ville syrienne de Qalamoun où Fadi travaillait dans le secteur du bâtiment.
Fadi Haydar, son fils Bassam dans les bras, sa femme, Racha Kamar, et leurs autres enfants, Hamza, 14 ans, Ahmed, 12 ans, et Taleb, 11 ans, le 11 mars, dans l’appartement que la famille réfugiée loue à Izmir. Ils ont quitté la ville syrienne de Qalamoun où Fadi travaillait dans le secteur du bâtiment. OLGA KRAVETS / NOOR POUR “LE MONDE”
Le repas préparé par Racha Kamar, à Izmir (Turquie), le 11 mars. La mère de famille cuisine, chez elle, des spécialités de son pays, comme les kebbeh syriens, qu’elle vend ensuite aux restaurants.
Le repas préparé par Racha Kamar, à Izmir (Turquie), le 11 mars. La mère de famille cuisine, chez elle, des spécialités de son pays, comme les kebbeh syriens, qu’elle vend ensuite aux restaurants. OLGA KRAVETS / NOOR POUR “LE MONDE”

« Passés du statut d’invités temporaires à celui d’indésirables »

Hulud Hattab est, elle, devenue « chef de famille » par la force des choses. Mariée à 13 ans, mère de trois enfants, elle n’avait jamais travaillé en Syrie. A Izmir, alors que son mari est trop souffrant pour faire vivre le foyer, elle a appris le turc au contact de collègues, dans la cuisine d’un restaurant, comme serveuse, dans une usine textile ou encore une entreprise de fabrication de chaises…

En dépit de la « protection temporaire » dont ils bénéficient dans le pays, les Syriens font face à un sentiment d’hostilité croissant au sein de la population turque. « Depuis l’arrivée des Syriens, les loyers ont augmenté, le système éducatif et les hôpitaux sont pleins et les fake news circulent sur ce qu’ils coûtent aux Turcs », observe Anne O’Rorke, une Irlandaise qui a fondé l’ONG d’aide aux migrants Tiafi.

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