A Hongkong, l’opposition dénonce une « trahison » et une « capitulation » de l’exécutif face à Pékin

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La cheffe de l’éxécutif hongkongais, Carrie Lam, durant une conférence de presse le 26 novembre 2019.
La cheffe de l’éxécutif hongkongais, Carrie Lam, durant une conférence de presse le 26 novembre 2019. NICOLAS ASFOURI / AFP

Depuis une semaine, une crise constitutionnelle majeure couve à Hongkong. En jeu, l’autonomie du gouvernement local pour gérer ses propres affaires. Une autonomie pourtant garantie à la Région administrative spéciale par la Basic Law, mini-constitution qui régit les relations entre l’ancienne colonie britannique et le pouvoir central à Pékin. Depuis la rétrocession de Hongkong à la Chine, en 1997, le territoire de 7,4 millions d’habitants est géré selon le principe « un pays, deux systèmes » qui garantit un « haut degré d’autonomie » à Hongkong. Celui-ci dispose notamment de son propre système juridique, en toute indépendance des tribunaux chinois.

Le premier acte de la crise constitutionnelle a eu lieu quand Pékin a accusé, le 13 avril, de faute professionnelle l’un des plus éloquents députés hongkongais du camp pro-démocratie, l’avocat Dennis Kwok, du Civic Party, lui reprochant de faire de l’obstruction au parlement local, le Legco. Quelques jours plus tard, le directeur du bureau de liaison, la représentation officielle du gouvernement central à Hongkong, Luo Huining, a pris la parole pour appeler le gouvernement local à adopter « le plus vite possible » le très redouté « article 23 », un article anti-sécession et anti-trahison contre lequel les Hongkongais se sont déjà mobilisés en masse par le passé, notamment en 2003.

Pour le camp pro-démocratie, la promulgation de cet article donnerait les moyens légaux au gouvernement de museler toute opposition au nom de la « sécurité nationale ». Depuis sa prise de fonctions en juillet 2017, la chef du gouvernement de Hongkong, Carrie Lam, a pourtant toujours indiqué qu’elle ne remettrait cet article sur la table « qu’une fois les circonstances propices réunies ».

Autant dire qu’après huit mois de manifestations virulentes contre le gouvernement, et avec une économie doublement affectée par le mouvement de protestation de 2019 et l’épidémie de Covid-19, les circonstances sont moins propices que jamais à un débat sur l’article 23. Cette « suggestion » du représentant de Pékin à Hongkong indiquait donc la détermination et l’impatience de Pékin à prendre le contrôle et à dicter l’ordre du jour du parlement hongkongais.

À nouveau, l’opposition a dénoncé une prise de position totalement déplacée qui bafouait ouvertement le principe de non-ingérence de Pékin dans les affaires intérieures de Hongkong. L’article 22 de la Basic Law stipule en effet très explicitement qu’« aucun département du gouvernement central, aucune province, aucune région autonome, aucune municipalité placée directement sous l’autorité du gouvernement central ne peut interférer dans les affaires de la Région administrative spéciale de Hongkong, responsable de les administrer conformément à ses propres lois ».

Mais le coup de massue est arrivé vendredi 17 avril, par le biais d’un communiqué du bureau de liaison de Pékin : le bureau de liaison, affirmait-il, n’est pas soumis à l’article 22, pas plus que l’Agence des affaires de Hongkong et Macao (HKMAO) qui le supervise à Pékin. Ces institutions auraient donc désormais toute liberté de commenter les affaires hongkongaises.

« Capitulation totale »

Signe de la gravité de la situation et de l’embarras du gouvernement hongkongais, trois communiqués successifs et contradictoires ont été publiés dans la nuit de samedi à dimanche. À 21 heures, le gouvernement précisait que le bureau de liaison était bien soumis à l’article 22. Quelques heures plus tard, un nouveau communiqué ne faisait plus aucune mention de l’article 22 mais rappelait que le bureau de liaison était soumis aux lois de Hongkong. Et un peu avant 2 heures du matin, le gouvernement se ralliait entièrement à l’interprétation chinoise. Dans un communiqué publié dimanche, vingt-deux députés de l’opposition ont estimé qu’il s’agissait d’une « capitulation totale du gouvernement » : la position de Carrie Lam, accusée de « violer la Basic Law », a été qualifiée d’« insulte » et de « trahison ».

Ajoutant de l’huile sur le feu, la police a procédé, samedi, à la mise en examen de quinze personnalités reconnues pour leur engagement dans le combat démocratique : une opération aux allures de rafle contre des défenseurs des droits de l’homme, un patron de presse d’opposition, d’anciens députés, des avocats. Relâchés sous caution, ils sont tous accusés d’avoir participé à divers rassemblements illégaux en 2019.

Cette dégradation de la confiance entre Hongkong et Pékin, en cours depuis plusieurs années, s’est ostensiblement accélérée depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel président chinois, Xi Jinping. Car la « Basic Law » avait été mise au point dans un climat de relative confiance entre les deux parties, alors que la Chine sortait de l’enfer de la Révolution culturelle.

C’est dans le contexte d’ouverture et de libéralisation économique et politique des années 1980 en Chine, que fut signé l’accord sino-britannique en 1984, puis rédigée la Basic Law, par des représentants des trois parties (le Royaume-Uni, la Chine et Hongkong), dont 23 Hongkongais de sensibilités politiques diverses. Mais le 4 juin 1989, date de l’écrasement par l’armée chinoise de la mobilisation étudiante autour de la place Tiananmen, a servi, trop tard, de rappel à la réalité. L’accord sino-britannique était entériné, les grandes lignes du texte de la Basic Law étaient acquises. Les jeux étaient faits.

Nombre de démocrates hongkongais qui ont participé à l’élaboration de ce texte fondamental se mordent aujourd’hui les doigts d’avoir cru, à l’époque, qu’ils négociaient avec un interlocuteur de bonne foi. Ils entretenaient alors l’espoir que la Chine allait se démocratiser et que la réunion entre la « mère patrie » et sa petite région administrative spéciale se ferait tout naturellement autour de valeurs universelles communes. Le mécontentement général, qui avait été mis en sourdine par l’épidémie du Covid-19, est aujourd’hui ravivé par l’incapacité du gouvernement local à satisfaire les aspirations démocratiques d’une grande partie des Hongkongais, sans pour autant parvenir à résister aux velléités de Pékin de passer en force.

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