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L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch a accusé, lundi 20 avril, les forces de sécurité du Burkina Faso d’avoir exécuté 31 habitants de la ville de Djibo, dans le nord du pays, « lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste susceptible de constituer un crime de guerre » le 9 avril.
Dans un communiqué transmis à l’Agence France-presse (AFP), l’ONG, au travers de Corinne Dufka, directrice pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch, appelle les autorités burkinabè à « immédiatement ouvrir une enquête impartiale sur ces meurtres et tenir les responsables pour comptables de leurs actes, quel que soit leur rang ».
HRW et des organisations de la société civile burkinabè ont déjà plusieurs fois dénoncé des violences perpétrées par les forces de sécurité contre la population, qui ont fait selon ces ONG plusieurs centaines de morts, sous couvert de lutte contre les groupes djihadistes qui multiplient les attaques dans le pays depuis cinq ans.
Des hommes arrêtés, embarqués et retrouvés morts
Selon l’enquête menée par HRW à Djibo, ville située à 200 km au nord de la capitale Ouagadougou, les forces de sécurité ont ciblé exclusivement des hommes de la communauté peule, une ethnie semi-nomade sahélienne parmi laquelle les groupes islamistes recrutent particulièrement, selon les experts.
« Selon les habitants, des dizaines de membres des forces de sécurité ont été impliqués dans l’opération du 9 avril, qui a débuté vers 10 heures (locales, 12 heures à Paris) avec les arrestations, pour s’achever vers 13 h 30, lorsque plusieurs coups de feu ont été entendus », explique HRW.
« Les victimes ont été interpellées dans plusieurs quartiers, alors qu’elles étaient en train d’abreuver leur bétail, de marcher ou étaient assises devant leurs domiciles », par des militaires, venant vraisemblablement du camp du Groupement des Forces antiterroristes de Djibo, petite ville d’une vingtaine de milliers d’habitants au cœur d’une région très fréquemment ciblée par les attaques djihadistes. Les hommes arrêtés « ont été placés à bord d’un convoi formé d’une dizaine de véhicules militaires, dont des camionnettes, une voiture blindée et des motos ».
« Les villageois ont déclaré s’être rendus, vers 16 heures, à l’endroit où ils avaient entendu les coups de feu. Ils y ont trouvé les corps de 31 hommes qui avaient été vus pour la dernière fois sous la garde des forces de sécurité. Plusieurs d’entre eux avaient les yeux ou les mains liés. Les habitants ont déclaré qu’aucun n’était armé », détaille HRW.
Les forces de l’ordre du Burkina à la peine
« Ils avaient été tués par balle, certains déchiquetés par des rafales au point d’être méconnaissables », selon un témoin cité par HRW qui dit avoir perdu cinq membres de sa famille. « C’était une scène terrifiante », « je n’ai pu reconnaître mon frère qu’à partir d’un fragment de ses vêtements », relate un autre témoin.
Pour son enquête, HRW précise avoir « mené des entretiens avec dix-sept personnes ayant connaissance des tueries du 9 avril, dont douze témoins des arrestations puis de l’enterrement des corps », qui « ont établi une liste des victimes, toutes peules ». L’ONG a précisé à l’AFP avoir envoyé une copie de son rapport au gouvernement burkinabè.
Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre du Burkina n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences djihadistes, en dépit de certaines annonces triomphalistes, et malgré l’aide de forces étrangères, notamment de la France, présente dans le Sahel avec 5 100 hommes dans le cadre de l’opération antidjihadiste Barkhane.
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