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Tribune. Au-delà de la crise économique, que le confinement et l’arrêt des activités rendent visible aux yeux de tous, c’est aussi à la crise d’un modèle politique, moins perceptible, à laquelle nous sommes confrontés. L’Etat qui, il y a une quarantaine d’années, a entamé dans le monde occidental un processus de déconstruction, n’a toujours pas atteint une forme stable.
Il n’est pas parvenu, notamment, à établir des rapports suffisamment clairs avec un marché économique et financier que, tantôt il prétend piloter, tantôt il laisse libre de se réguler. Ainsi, les soixante-dix dernières années ont-elles vu s’imposer successivement deux mystiques : de la fin de la seconde guerre mondiale jusqu’aux années 1970, celle de l’Etat régulateur de l’économie et de la société ; puis, avec l’entrée dans la crise économique du milieu des années 1970, une mystique du marché a supplanté la première et placé les finances publiques au cœur de toutes les critiques.
Les finances publiques ne constituaient plus l’instrument idéal des politiques volontaristes et interventionnistes menées par l’Etat. Bien au contraire, il s’agissait d’en réduire l’influence afin de limiter son pouvoir et restaurer une régulation par le marché. Il fallait même selon l’expression de certains libéraux proches de la théorie conservatrice américaine « affamer la bête », lui couper les vivres, autrement dit réduire les impôts pour limiter les dépenses.
Les excés d’une idéologie
De même, le besoin légitime de moderniser une gestion publique archaïque a conduit à transposer aux collectivités locales et à l’Etat les outils de gestion de l’entreprise, en favorisant dans le secteur public une culture gestionnaire. Assurément, elle était nécessaire, mais ce besoin de maîtriser les dépenses publiques s’est trop souvent transformé en une véritable idéologie, avec les préjugés, les excès et finalement l’intransigeance qui caractérisent toutes les idéologues.
Les modes de gestion les plus sophistiqués se sont épanouis tout au long de ces quarante dernières années, et c’est à corps perdu que s’y sont jetés nombre de responsables des administrations publiques, pensant de bonne foi œuvrer pour le bien public.
Cette vision de la gestion publique n’a pas été sans conséquences sur les choix ultérieurs. Les responsables politiques se sont trouvés dans un cadre d’informations et d’analyses qui, de fait, les conduit à adopter un modèle de raisonnement inadapté à la réalité vécue par la majorité des citoyens, et qui peut même les éloigner des urgences qui sont les leurs.
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