Face au virus, un monde sans leader

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Des découpes en carton représentant Donald Trump et Xi Jinping, dans une boutique de souvenirs à Moscou, le 23 mars.
Des découpes en carton représentant Donald Trump et Xi Jinping, dans une boutique de souvenirs à Moscou, le 23 mars. EVGENIA NOVOZHENINA / REUTERS

Que restera-t-il, après la crise liée au Covid-19, de l’ordre international hérité de la seconde guerre mondiale ? En quoi le monde géopolitique d’après diffèrera-t-il du monde d’avant ?

Il est trop tôt pour le dire car personne ne peut encore mettre une date à la fin de cette crise. Mais trois mois ont passé depuis que le monde a appris l’éruption du virus en Chine ; la pandémie a, depuis, traversé la planète, frappant l’Iran, puis l’Europe. Les Etats-Unis en sont aujourd’hui l’épicentre, qui se déplacera peut-être ailleurs.

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Ces trois mois ont infligé de sévères dérèglements à l’ordre mondial. Sans préjuger du résultat final, ajustements ou monde nouveau, un point d’étape est déjà possible. Il révèle une accélération brutale de tendances qui étaient déjà à l’œuvre avant la crise, plutôt que de véritables ruptures.

L’arrivée au pouvoir de Donald Trump en 2017, après des années de désintérêt croissant de la première puissance économique et militaire pour l’exercice du leadership mondial, et sa doctrine « America First » ont donné le signal : désormais, les Etats-Unis seraient principalement préoccupés par eux-mêmes.

L’irruption du virus en pleine campagne pour la présidentielle de novembre et la catastrophe économique qu’il entraîne dans son sillage ont exacerbé ce processus. Le président Trump a tourné le dos à l’Europe et est resté sourd à toute coopération internationale. A l’opposé du président Obama, qui avait participé à la lutte contre le virus Ebola en 2014, il a décidé, lui, de suspendre la contribution américaine à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en pleine crise sanitaire.

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Parallèlement, la crise a révélé au grand jour la vulnérabilité du modèle social et politique américain : 22 millions de chômeurs non indemnisés, dont beaucoup se retrouvent sans assurance-maladie, un système de santé publique inadéquat, un pays divisé, une équipe dysfonctionnelle à la Maison Blanche, un président en conflit ouvert avec les gouverneurs. En termes d’image, la perte de prestige est terrible.

Avec une audace et une rapidité qui ont pris de court les pays occidentaux, Pékin, à peine l’épidémie maîtrisée à Wuhan, a lancé une offensive planétaire de diplomatie humanitaire, doublée d’une vaste opération de propagande, mettant à profit le repli américain de la scène mondiale. De moins en moins discrète dans l’affirmation de ses ambitions ces dernières années, la Chine de Xi Jinping n’avait cependant jamais encore déployé ses efforts aussi agressivement, s’appuyant sur les expéditions de masques et de matériel médical, dûment répercutées sur les réseaux sociaux occidentaux.

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