A Hongkong, la colère contre le gouvernement gronde aussi sur un monde virtuel

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Le jeu Nintendo « Animal Crossing : New Horizons » , sorti le 20 mars pour la console Switch, en vente à Hongkong, le 10 avril.
Le jeu Nintendo « Animal Crossing : New Horizons » , sorti le 20 mars pour la console Switch, en vente à Hongkong, le 10 avril. ANTHONY WALLACE / AFP

LETTRE DE HONGKONG

Quelle idée plus tentante, par ces temps de confinement quasi planétaire, que de partir planter sa tente sur une île privée, déserte et paradisiaque, peuplée d’animaux plus mignons et serviables les uns que les autres ? C’est l’aventure proposée dans sa dernière version par le jeu Nintendo Animal Crossing : New Horizons, sorti le 20 mars pour la console Switch.

A peine débarqué en hydroglisseur sur son île, chaque joueur aménage progressivement les lieux et s’occupe en allant à la pêche ou à la chasse aux papillons, en plantant des tomates ou en coupant du bois pour son feu de camp, auprès duquel il admirera le coucher de soleil ou la voûte céleste…

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Mais il n’a pas fallu longtemps aux Hongkongais, privés depuis quelques semaines du droit de rassemblement en raison de l’épidémie de Covid-19, pour détourner ce programme ludique et inoffensif et le mettre au service de leur cause politique. Au lieu de s’amuser, la plupart des avatars hongkongais ont repris les « armes » et continuent ainsi d’exprimer leurs aspirations démocratiques et leur colère à l’égard des gouvernements chinois et hongkongais, fût-ce de manière virtuelle.

« La première chose que l’on fait en arrivant chacun sur notre île, c’est s’habiller en noir [la couleur des manifestants] et de s’équiper des accessoires de manifestation : masque à gaz, casque de chantier… », explique une joueuse fraîchement initiée.

Affiches, barricades et parapluies jaunes

Car cette nouvelle version interactive d’Animal Crossing permet l’intégration d’éléments extérieurs (photos, objets…) que d’autres pourront réutiliser à l’aide de codes à partager. Une fois équipé, non pas en vieux campeur mais en courageux manifestant, l’avatar hongkongais militant va s’activer à couvrir son île d’affiches arborant les slogans politiques de la révolte à commencer par « Cinq demandes, pas une de moins » et « Démocratie maintenant, révolution de notre temps ».

Alors que la population hongkongaise s’inquiète depuis des années de l’emprise croissante de Pékin sur ses libertés, la région administrative spéciale de Hongkong a été secouée, de juin à décembre 2019, par un large et virulent mouvement d’opposition au gouvernement local. Ainsi, les îles des révoltés voient fleurir tous les symboles de ces manifestations, notamment les parapluies jaunes, symbole du mouvement du même nom à l’automne 2014.

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Sur l’île de Pikapika, aménagée par un trentenaire surnommé « Vice » qui a perdu son emploi depuis sa participation à la grève générale de l’été, toutes les activités offertes par le jeu ont été détournées. Le fond du trou à déchets a été couvert de portraits d’officiels qui se retrouveront ainsi peu à peu recouverts de détritus. Les animaux qui normalement font office d’assistants ou de « G.O. » (gentils organisateurs) ont été recrutés pour participer aux barricades, même si personne n’a encore trouvé le moyen d’introduire des gaz lacrymogènes ou des canons à eau. Quant à la « Nook Cranny », la boutique d’approvisionnement qui existe sur toutes les îles, elle a été déclarée « boutique jaune », ce qui signifie qu’elle sympathise avec le mouvement.

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