En Inde, la tragédie des migrants « invisibles »

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A la gare routière de Ghaziabad (banlieue de New Delhi), le 29 mars, des flots de travailleurs pauvres se ruent sur les bus pour rejoindre leurs villages.
A la gare routière de Ghaziabad (banlieue de New Delhi), le 29 mars, des flots de travailleurs pauvres se ruent sur les bus pour rejoindre leurs villages. ADNAN ABIDI / REUTERS

Des cohortes de familles sur les routes, ou agglutinées sur plusieurs kilomètres pour rejoindre des terminaux de bus en quête d’un hypothétique moyen de transport. Le confinement ordonné par le premier ministre indien Narendra Modi, le 25 mars, et reconduit jusqu’au 3 mai, a provoqué un exode gigantesque de travailleurs, souvent invisibles, qui avaient quitté leur région d’origine pour trouver un emploi dans les grands centres urbains, notamment New Delhi, Bombay, Bangalore, ou dans les Etats du sud tels le Kérala et le Tamil Nadu.

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Chantiers, usines, hôtels… à l’arrêt, ils se sont brutalement retrouvés sans revenus, incapables de payer leur logement quand ils en avaient un. Sans attendre, ils ont empaqueté leurs affaires et tenté de regagner leur village, parfois situé à plusieurs centaines de kilomètres de distance, au risque d’importer le virus dans les régions rurales, jusque-là préservées de l’épidémie et où vivent de nombreuses personnes âgées. Plusieurs sont morts en route d’épuisement. La crise sanitaire en Inde s’est transformée en tragédie humanitaire.

Une main-d’œuvre essentielle

Combien étaient-ils exactement ? Des centaines de milliers, si l’on s’en tient aux migrants interétatiques, des millions si l’on ajoute les migrants intra-étatiques. L’Inde compterait au total 450 millions de migrants de l’intérieur, selon une évaluation qui intègre aussi les déplacements pour mariage, principal motif des migrations intérieures. Le nombre de travailleurs migrants se situerait entre 50 millions et 100 millions.

Les familles peinent à monter à bord des bus bondés de Ghaziabad (banlieue de New Delhi), le 29 mars.
Les familles peinent à monter à bord des bus bondés de Ghaziabad (banlieue de New Delhi), le 29 mars. ADNAN ABIDI / REUTERS

Cette main-d’œuvre non qualifiée et mal payée est essentielle dans l’économie indienne. Elle est le plus souvent utilisée dans des emplois précaires et parfois dangereux, sans contrat de travail ni sécurité sociale, dans le secteur informel, sur les chantiers de construction, dans les usines, dans les hôtels et restaurants. Le reste forme le bataillon des vendeurs de rues ou de conducteurs de rickshaws.

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Selon une enquête réalisée, du 27 au 29 mars, par l’ONG Jan Sahas basée à New Delhi auprès des travailleurs migrants, 55 % d’entre eux ont déclaré gagner entre 200 et 400 roupies (2,40 à 4,90 euros) par jour, pour une famille de quatre personnes. Pour 90 % des interrogés, le confinement a entraîné la perte de leur source de revenus, et 33 % disent être coincés dans les villes où ils avaient migré. La quasi-totalité n’était pas enregistrée auprès des commissions d’Etat qui distribuent les aides promises par le gouvernement.

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