Le sort d’un loup gris polarise l’Allemagne

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Des loups gris européens aux Angles (Pyrénées-Atlantiques), en 2015.
Des loups gris européens aux Angles (Pyrénées-Atlantiques), en 2015. RAYMOND ROIG / AFP

LETTRE DE BERLIN

D’habitude, c’est quand l’un d’eux est abattu que les journaux parlent des loups. Cette fois, c’est le contraire : c’est précisément parce qu’il n’a pas été tué que GW717m a eu droit à des articles dans la presse allemande, et même à une dépêche de l’agence dpa, publiée le 1er avril sous le titre : « Coup de chance pour GW717m : la traque du loup de Rodewald a été suspendue. »

Afin de comprendre pourquoi cette affaire a retenu l’attention des médias allemands, une brève présentation du protagoniste est nécessaire. Outre-Rhin, chaque loup gris commun (canis lupus lupus) est identifié par les lettres « GW » désignant son espèce (Grauwolf), puis par un numéro auquel est accolé un « f » s’il s’agit d’une femelle ou un « m » si c’est un mâle. En l’occurrence, GW717m est un loup de sexe masculin bien connu autour de la petite commune rurale de Rodewald (Basse-Saxe), au nord de l’Allemagne, où une quarantaine de veaux, de moutons, de chèvres et de poneys ont eu le malheur de croiser son chemin.

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Une sorte de mascotte

C’est justement ce gros appétit qui a valu des ennuis à GW717m. Sous la pression des éleveurs, le gouvernement du Land de Basse-Saxe a décidé, le 23 janvier 2019, d’autoriser son abattage, allant jusqu’à mandater une société de chasse pour qu’elle mette fin aux méfaits de ce loup vorace. Mais l’opération, qui a coûté 100 000 euros, n’a pas été couronnée de succès, et, au bout de quatorze mois de traque infructueuse, les autorités ont annoncé qu’elles renonçaient. « Nous avons échoué », a ainsi reconnu, le 1er avril, le ministre de l’environnement de Basse-Saxe, Olaf Lies, justifiant l’arrêt des recherches par le fait qu’aucune attaque de loup n’a été répertoriée en Basse-Saxe depuis juillet 2019.

Sans surprise, la nouvelle a été accueillie avec soulagement par les défenseurs des loups, qui avaient fait de « Roddy » – le nom qu’ils ont donné à GW717m – une sorte de mascotte. Mais ils n’en ont pas moins exprimé leur inquiétude en raison d’une nouvelle disposition de la loi fédérale sur la protection de la nature (Bundesnaturschutzgesetz), qui permet désormais aux autorités de délivrer un permis de tuer à l’échelle d’une meute dans son entier et non plus seulement de son chef. Autrement dit, s’il est décidé de traquer à nouveau GW717m parce que son ADN a été retrouvé sur le cadavre d’un animal d’élevage, n’importe quel membre de sa meute – et plus seulement lui – pourrait être abattu légalement.

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