Malgré la pandémie de Covid-19, l’Inde continue de pourchasser ses intellectuels

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Lors de l’anniversaire de la naissance de Bhimrao Ambedkar (1891-1956), père de la Constitution indienne, le 14 avril à Hyderabad.
Lors de l’anniversaire de la naissance de Bhimrao Ambedkar (1891-1956), père de la Constitution indienne, le 14 avril à Hyderabad. Mahesh Kumar A / AP

En dépit de la crise sanitaire et humanitaire due au coronavirus, l’Inde poursuit sa politique de répression à l’égard des opposants au pouvoir en place. Mardi 14 avril, l’universitaire et militant des droits de l’homme Anand Teltumbde et le journaliste Gautam Navlakha ont été arrêtés par la National Investigation Agency, l’organe chargé de la lutte antiterroriste dans le pays.

Il est reproché aux deux hommes, qui ont été immédiatement placés en garde à vue, le premier à Bombay, le second à Delhi, d’avoir participé le 31 décembre 2017 à Pune, dans l’Etat du Maharashtra, à une réunion au cours de laquelle des violences auraient été fomentées contre le parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), et un complot ourdi pour assassiner son représentant, le premier ministre Narendra Modi.

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Le lendemain, comme chaque 1er janvier depuis bientôt un siècle, se tenait dans le village de Koregaon, à une trentaine de kilomètres de Pune, la traditionnelle commémoration de la bataille de 1818 qui vit une communauté locale de dalits (anciennement appelés « intouchables ») mettre fin, avec le soutien de soldats britanniques, à l’Empire marathe qui régnait alors dans la région et dont les nationalistes hindous nourrissent encore aujourd’hui la nostalgie. En réalité, le 1er janvier 2018, ce sont les dalits qui s’étaient fait attaquer par des militants de l’hindutva, l’« hindouité », idéologie de suprématie de l’hindouisme et des hautes castes, dont le BJP est la vitrine politique.

« Une vraie tragédie pour l’Inde »

Anand Teltumbde et Gautam Navlakha, que la police taxe de « maoïsme », sont connus pour leur engagement contre le système des castes qui maintient les dalits en marge de la société. Des personnalités renommées, comme l’historienne Romila Thapar ou le sociologue Satish Deshpande, demandent « l’intervention urgente » de la Cour suprême pour les défendre. « Au moment où plusieurs pays dans le monde entier relâchent des prisonniers menacés par le coronavirus, il est incroyable de voir les autorités indiennes chercher à incarcérer des gens qui n’auraient jamais dû être arrêtés », dénonce Meenakshi Ganguly, directeur Asie du Sud de l’ONG Human Rights Watch.

L’écrivaine Arundhati Roy relève que l’interpellation de MM. Teltumbde et Navlakha, « deux des intellectuels les plus formidables du pays », est intervenue pour des raisons « étranges » le jour même de l’anniversaire de Bhimrao Ambedkar, héros des dalits, père de la Constitution indienne et symbole national, à ce titre, de la liberté de penser. « La planète est attaquée par le coronavirus, les prisons indiennes sont surpeuplées, et c’est tout ce que le gouvernement trouve à faire en ce moment ? C’est une vraie tragédie pour l’Inde », estime Mme Roy.

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