L’Inde invoque la magie pour sortir des « ténèbres du coronavirus »

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Un prêtre hindou prie devant le Gange pour contrôler la propagation du coronavirus, le 13 avril à Prayagraj (Inde).
Un prêtre hindou prie devant le Gange pour contrôler la propagation du coronavirus, le 13 avril à Prayagraj (Inde). RAJESH KUMAR SINGH / AP

LETTRE DE NEW DELHI

Et si le chiffre 9 pouvait sortir l’Inde des « ténèbres du coronavirus » ? Pour conjurer l’épidémie, le premier ministre indien a eu recours il y a quelques jours à la magie des chiffres. Au neuvième jour du confinement, Narendra Modi a adressé à 9 heures du matin un message de neuf minutes à ses compatriotes pour les exhorter à éteindre le 5 avril (5/4) à 9 heures du soir toutes les lumières et à allumer bougies ou torches pendant neuf minutes.

Quelle signification donner à cet étrange alignement de 9 ? Les médias ont beaucoup spéculé sans trouver de réponses satisfaisantes, détournant momentanément l’attention sur la crise humanitaire et la faim qui menacent les pauvres et les travailleurs migrants, abandonnés à leur sort depuis le début du confinement.

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Les Indiens ont scrupuleusement suivi ces consignes, à la grande inquiétude des électriciens de tout le pays, qui craignaient qu’ils ne fassent exploser le réseau en rallumant leurs lumières en même temps. « Va t’en corona », « Vive l’Inde, notre mère patrie », ont crié les convaincus, de leurs balcons ou dans la rue. Même les plus sceptiques ont éteint leurs ampoules, par crainte non pas des ténèbres, mais du voisinage immédiat, d’être pris pour un mécréant, un adversaire de Modi ou, pire, de l’Inde.

Sur le plan politique, l‘initiative du premier ministre a évidemment été accueillie avec scepticisme et ironie par ses contempteurs. Passé les neuf minutes requises, l’ancien chef du gouvernement du Jammu-et-Cachemire Omar Abdullah, détenu pendant sept mois, après le coup de force de M. Modi dans cette région, en août 2019, s’est exclamé sur Twitter « Alors, le corona est parti ? » Dès le lendemain, les chiffres officiels du ministère de la santé attestaient non pas d’un miracle, mais d’une lente et continue progression des contaminations.

Délation

En tout cas, la magie du 9 aura permis de compter les bonnes familles, celles qui respectent les règles, qui applaudissent les soignants et coupent les lumières quand le premier ministre le demande. Au lendemain de l’initiative, des écoliers ont reçu un questionnaire pour savoir si leur famille avait bien participé à l’exercice, un document transmis ensuite par les écoles au ministre de l’éducation.

Comme toujours en Inde, les croyances font des victimes. Un habitant du village de Palwal, dans l’Haryana, un dalit (ex-intouchable), a porté plainte après avoir été attaqué avec sa famille par des gens qui ont fait irruption dans sa maison, l’accusant de ne pas avoir éteint ses lumières. Il a expliqué avoir reçu des injures relatives à sa caste. Les assaillants lui ont jeté des briques, des pierres, ont cassé et pillé sa maison.

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