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ReportageDe mémoire de Cairotes, jamais leur mégalopole de plus de 20 millions d’habitants, vibrante de jour comme de nuit, n’avait été aussi léthargique. Le photographe égyptien Roger Anis dresse le portrait de la capitale saisie par la crise due au coronavirus.
Le Khamsin s’est engouffré dans les rues du Caire aux premiers jours d’avril, saturant l’air de sable ocre. Ce vent brûlant annonciateur du printemps a pour habitude de vider les rues. Cette année, il s’est engouffré dans des quartiers déjà en partie désertés. Il avait été devancé par la menace sournoise et invisible du nouveau coronavirus.
Le bilan officiel grimpe, lentement mais inexorablement, avec, au 11 avril en Egypte selon les chiffres de l’université Johns Hopkins, dont le suivi fait référence, 135 morts et 1 794 cas de contamination pour 100 millions d’habitants.
La capitale est quasiment à l’arrêt depuis la mi-mars : les cafés, restaurants et boutiques baissent leurs stores à l’approche du couvre-feu nocturne. Les habitants qui s’aventurent hors de chez eux ont le visage couvert d’un masque. Les écoles, les mosquées et les églises ont fermé, de même que les lieux de divertissement et les sites touristiques. De mémoire de Cairotes, jamais la grouillante métropole de plus de 20 millions d’habitants, vibrante de jour comme de nuit, n’avait été aussi léthargique.
Rumeurs et panique
Le manque de transparence du régime répressif du président Abdel Fattah Al-Sissi et le contrôle étroit qu’il exerce sur l’information renforce le scepticisme quant à l’ampleur réelle de l’épidémie. Le flot de rumeurs amplifie le sentiment de panique.
Sur les réseaux sociaux, les médecins expriment leurs inquiétudes de voir le système de santé du pays, miné par une crise économique structurelle, débordé en cas de flambée de l’épidémie. Début avril, plus de vingt médecins du centre de cancérologie du Caire ont été mis en quarantaine après avoir été testés positif.
Un Egyptien sur trois sous le seuil de pauvreté
L’ampleur de l’épidémie reste difficile à évaluer, en raison aussi des capacités de dépistage limitées. Des laboratoires ouvrent au compte-gouttes. Au Caire, le seul qui existait, début mars, avait été pris d’assaut par des milliers d’Egyptiens travaillant dans le Golfe, qui voulaient obtenir le certificat de test négatif exigé par leurs employeurs à Riyad ou à Dubaï. La perte de ces emplois, source de devises étrangères, ainsi que la mise à l’arrêt d’une grande partie des secteurs formel et informel du pays, risque d’appauvrir davantage encore les Egyptiens.
Le tourisme impacté
Selon le gouvernement égyptien, le Covid-19 est apparu sur les rives du Nil, fin février, au sud du pays, parmi des croisiéristes. L’ampleur de la menace a d’abord été minimisée, avec un virus désigné comme un phénomène importé et circonscrit aux seuls touristes étrangers. Les autorités ont dû se résoudre à mettre à l’arrêt l’industrie du tourisme, l’une des premières sources de revenus du pays, à fermer les aéroports et à imposer un confinement partiel. La maladie avait déjà métastasé dans d’autres provinces et dans la capitale. Fin mars, elle a fauché deux généraux, laissant craindre une large contamination dans les rangs de l’armée, au pouvoir dans le pays.
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