au Brésil, Bolsonaro de plus en plus isolé face à sa gestion de la crise sanitaire

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Le président brésilien Jair Bolsonaro, le 1er avril à Brasilia.
Le président brésilien Jair Bolsonaro, le 1er avril à Brasilia. UESLEI MARCELINO / REUTERS

Et soudain, Jair Bolsonaro a tenté d’enfiler les habits d’un chef d’Etat. « Nous sommes face au plus grand défi de notre génération. Ma préoccupation a toujours été de sauver des vies », affirmait-il mardi 31 mars, solennel, dans une adresse télévisée à la nation. Discours consensuel, ton étonnamment posé : le leader d’extrême droite semblait prendre enfin la mesure de la crise du coronavirus. « Je réaffirme l’importance de la collaboration et la nécessaire union de tous, dans un grand pacte pour la préservation de la vie », ajoutait-il, rassembleur comme jamais.

Le discours a pris la classe politique de court. « A quel président de la République devons-nous nous fier ? », s’est interrogé le gouverneur de Sao Paulo, Joao Doria. Depuis trois semaines, en effet, Jair Bolsonaro s’employait d’abord à minimiser la gravité de l’’épidémie (qui a fait 241 victimes au Brésil), qualifiée de « grippette ». Lui, de toute façon, ne risque rien (« avec mon passé d’athlète, si j’étais contaminé, je n’aurais pas besoin de me faire de souci »), et le Brésilien encore moins : « Il n’attrape jamais rien. Il saute dans un égout, nage, ressort… et rien ne lui est arrivé », a affirmé le président.

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« Certains vont mourir ? Oui bien sûr. J’en suis désolé, mais c’est la vie. On ne peut pas arrêter une usine de voitures parce qu’il y a des morts sur la route chaque année », a-t-il également lancé, opposé au confinement ou à la fermeture des activités économiques non essentielles, décrétés par plusieurs Etats. Dimanche 29 mars, le président s’est même permis de sortir de son palais de l’Alvorada pour « parler au peuple » et rendre visite à plusieurs commerces restés ouverts à Brasilia, au mépris des règles sanitaires. Postées sur les réseaux sociaux, les vidéos polémiques de la visite ont vite été supprimées par Twitter, Facebook et Instagram.

« Il est seul, perdu dans son labyrinthe »

Alors qui faut-il croire ? Docteur Jair ou Mister Bolsonaro ? Vendredi, le leader d’extrême droite a finalement retrouvé ses accents habituels, traitant la presse de « vautour », arguant que le Brésil « ne peut pas supporter de rester deux ou trois mois à l’arrêt » et comparant le virus à une simple « pluie » qui se contentera de « mouiller 70% [de la population]. » 

En tenant à nouveau ce discours populiste, souvent insensé, Jair Bolsonaro parvient certes à remobiliser sa base électorale, volontiers complotiste. Mais ses changements de pied sont d’abord le signe du climat de délétère régnant au sommet de l’Etat. La pandémie a en effet crevé un abcès purulent, qui s’infectait de mois en mois depuis son arrivée au pouvoir. « Ce qu’il se passe aujourd’hui, c’est plus qu’un nouvel épisode : c’est une crise institutionnelle », soutient Fernando Limongi, politologue à l’Université de Sao Paulo (USP).

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