Quand les jeunes se mettent en grève… pour le climat

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Froid polaire aux Etats-Unis, chaleur étouffante en Australie : l’ère des extrêmes. Ce titre de Courrier International résume bien la situation mondiale en matière de climat. Aux Etats-Unis cette semaine, le pays a été paralysé par l’arrivée d’une masse d’air polaire qui a, dans certains endroits, fait descendre la température ressentie jusqu’à −50 °C. De l’autre côté de la planète, les incendies font rage en Australie, où la chaleur bat des records. Ainsi, la ville d’Adélaïde, dans le sud du pays, a enregistré des températures de 46,6 °C. Nous sommes dans un “âge des extrêmes météorologiques », observe The New York Times.

“La chaleur et l’extrême sécheresse sont conformes au consensus scientifique : une hausse des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère rend plus probables des températures anormalement élevées”, précise le journal. Quant aux températures très froides que connaît actuellement une partie du Nord-Est américain et du Midwest : «Étonnamment, elles pourraient être aussi une conséquence du réchauffement. De récents travaux suggèrent que le réchauffement de l’Arctique modifie le jet-stream, poussant des masses d’air polaire vers des latitudes où on n’y est pas habitué et souvent pas préparé. » Autant pour le président des Etats-Unis, Donald Trump, qui a, lui, profité de cet épisode pour railler ceux qui s’inquiètent du climat, estimant que ces températures polaires aux Etats-Unis sont bien la preuve que le réchauffement climatique n’existe pas…

De fait, le World Resources Institute vient de publier un rapport révélant que les objectifs fixés par l’Accord de Paris (2015) en matière de limitation du réchauffement climatique n’ont aucune chance d’être atteints dans l’état actuel des choses. Peu étonnant en somme après le le désengagement des Etats-Unis de Trump et du Brésil de Bolsonaro, pour ne rien dire des atermoiements et de la « tiédeur » d’autres pays dans la prise de mesures nécessaires. Et c’est peut-être parce que la démission des politiques face à leurs responsabilités a atteint un niveau intenable que l’on voit aujourd’hui, à travers le monde, naître un nouveau phénomène : celui de la mobilisation des jeunes, qui occupent le devant de la scène depuis le début de cette année. Ainsi, c’est une jeune fille de 16 ans, Greta Thunberg, qui aura été le véritable centre d’intérêt du World Economic Forum qui s’est tenu du 23 au 25 janvier derniers à Davos. Face à l’hypocrisie des grands de ce monde ayant mobilisé 1 500 jets pour se rendre au Sommet de Davos, la jeune Suédoise a débarqué, en train, pour interpeler les dits-décideurs. En quelques mois, cette jeune collégienne a gagné une renommée mondiale en lançant son action de grève scolaire pour le climat. Rapidement suivie par des milliers d’étudiants en Europe, en Australie. En Suisse, la grève des étudiants, qui avait commencé avec 400 jeunes à Zurich à la mi-décembre, a vu vendredi dernier dans la rue plus de 22 000 jeunes. Qui ont appelé à une plus grande manifestation ce 2 février, un samedi, pour toucher des cercles plus larges, invitant parents et grands-parents. Avec pour objectif, le vendredi 15 mars, une nouvelle « grève scolaire» devant avoir lieu simultanément en Suisse et dans d’autres pays du monde. Le but étant de maintenir la pression jusqu’à ce que les pouvoirs publics entreprennent des actions concrètes pour répondre à leurs revendications, soit décréter un état d’urgence climatique et parvenir à un bilan net d’émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine de zéro d’ici à 2030.

«Ces jeunes ne font pas que manifester dans la rue, ils secouent leurs parents», estime de son côté le conseiller écologiste Robert Cramer. Mais les élus, eux, semblent très peu sensibles aux questions climatiques. « Ils vivent encore dans un monde ancien, dans lequel nous n’avions pas à nous soucier de l’avenir. Mais s’il y a bien quelqu’un qui peut les convaincre de changer, ce sont leurs enfants. Ce mouvement va peut-être s’essouffler et disparaître. Mais c’est peut-être le point de départ d’un basculement. Pour cela, il faudra de la ténacité et de l’endurance »

Greta Thunberg, elle, se montre déterminée. « On m’écoute parce que je suis jeune. Les adultes se sentent coupables quand un enfant leur dit que leur génération a volé le futur des jeunes. A travers cette action, j’espère pouvoir attirer l’attention sur la crise climatique, pour que les gens prennent conscience de l’urgence de la situation. Nous devons réaliser que nous vivons la plus grande crise que l’humanité ait jamais affrontée, et agir en conséquence. Si nous ne concentrons pas nos efforts là-dessus, aucun autre sujet ne comptera à l’avenir », prévient-elle. A Bangkok, le 30 janvier dernier, les écoles ont dû fermer parce que l’air était devenu irrespirable, avec des pics de pollution qui risquent encore de s’aggraver avec le phénomène climatique El Nino, caractérisé par des températures élevées et de faibles précipitations. Chez nous, fortes pluies et aménagements irréfléchis ont aussi contraint à la fermeture des écoles cette semaine. Des jeunes du monde entier disent stop à la confiscation de leurs présent et avenir. Ce monde saura-t-il les entendre ?

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