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Crainte du Covid-19 et de la menace djihadiste : les électeurs maliens se sont rendus aux urnes en ordre clairsemé dimanche 29 mars pour élire leurs députés au cours de législatives pourtant à fort enjeu. Aucun chiffre officiel de participation n’était disponible peu après la fermeture des bureaux de vote en début de soirée, mais les constatations des correspondants de l’AFP et des observateurs laissent à penser qu’elle sera faible.
« Ici, nous sommes sans électricité, on va chercher des torches pour faire le dépouillement. Ça ne va pas prendre trop de temps parce qu’il n’y a pas eu beaucoup de votants », a confié le président d’un bureau de la commune IV de Bamako, Sambala Sissoko.
Reportées à plusieurs reprises, ces élections doivent permettre de renouveler les 147 sièges du Parlement. Les premières tendances ne sont pas attendues avant plusieurs jours. Un second tour est prévu le 19 avril. La campagne, sans engouement, et le scrutin se sont déroulés dans un contexte délétère : apparition du Covid-19 et violences djihadistes et intercommunautaires persistantes, malgré la présence de forces françaises, sahéliennes et de l’ONU.
Méfiance
Le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, a été enlevé mercredi 25 mars à quelques jours des élections alors qu’il faisait campagne dans son fief électoral de Niafounké, près de Tombouctou (nord). On était toujours sans nouvelles de lui dimanche soir. Il est vraisemblablement aux mains de djihadistes de la katiba Macina se revendiquant d’Amadou Koufa, chef de l’une des branches de la principale alliance djihadiste du Sahel, affiliée à Al-Qaida, selon un élu et une source sécuritaire.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta a promis dimanche de « ne ménager aucun effort pour obtenir sa libération ». Il a également salué la « maturité » du parti de Soumaïla Cissé, qui avait appelé à une « participation massive ». Dimanche matin, le premier ministre Boubou Cissé espérait plus modestement un taux de participation « suffisamment satisfaisant ».
Beaucoup d’électeurs se sont méfiés, en particulier du Covid-19 qui a contaminé une vingtaine de personnes et fait samedi sa première victime dans le pays, longtemps épargné. S’ils sont allés voter, c’est « la peur au ventre », comme l’a dit à Bamako un enseignant de 34 ans, Souleymane Diallo.
« Même stylo et même encre »
« Ils nous demandent d’aller voter alors qu’on utilise tous le même stylo et la même encre. Il n’y a pas un mètre entre les gens », pestait Amadou Camara, qui a préféré s’abstenir. « Si dans certains centres, le matériel a permis de respecter les mesures sanitaires, il est clair que dans de nombreux autres, les gestes barrières n’ont pas été respectés et le dispositif n’était pas en place pour se laver les mains », a affirmé Aminata Touré, de l’ONG Travaillons pour un Mali propre.
Comme il fallait le craindre, le scrutin n’a pas pu se tenir dans les parties du territoire en proie à des violences quasi quotidiennes, qui ont débordé ces dernières années sur le Niger et le Burkina Faso voisins. Sur 12 500 bureaux, 274 sont restés fermés, selon le ministère de la sécurité.
Les forces armées maliennes (FAMa) ont précisé sur Twitter avoir été « accrochées dans une embuscade » à Mondoro, près de la frontière avec le Burkina Faso, où elles avaient déjà été visées trois fois par les djihadistes depuis septembre, subissant de lourdes pertes. Cette fois, les militaires affirment avoir « neutralisé cinq terroristes » et récupéré trois motos et de l’armement, sans enregistrer de victime. Ils ont également indiqué avoir interpellé « dix-neuf personnes en possession de dix urnes (…) destinées à des opérations frauduleuses » à Tombouctou (nord).
« Légale mais plus légitime »
A Mopti, au cœur du centre du pays particulièrement meurtri ces dernières années, il n’y a « pas vraiment eu d’affluence », a précisé le président d’un bureau, Amadou Dicko. « Le coronavirus et l’insécurité ont chassé les électeurs. » A Tombouctou, les centres de vote étaient sécurisés par l’armée malienne, mais un président de bureau a été « enlevé par des hommes armés », selon une source proche du gouvernorat.
Le mandat de l’Assemblée issue des élections de 2013, qui avaient octroyé une majorité substantielle au président Keïta, devait s’achever en 2018. Les enjeux de son renouvellement sont importants, selon des experts, pour qui il s’agit de faire enfin progresser l’application de l’accord de paix d’Alger.
Cet accord a été signé en 2015 entre les autorités et les groupes armés indépendantistes, notamment touareg, qui avaient pris les armes en 2012. Il ne concerne pas les groupes djihadistes. Mais sa mise en œuvre est considérée comme un facteur essentiel d’une sortie de crise, à côté de l’action militaire. Il prévoit plus de décentralisation via une réforme constitutionnelle. Certains opposants estiment que la réforme ne peut être adoptée par l’Assemblée actuelle, car celle-ci est jugée par beaucoup « légale mais plus légitime », selon Bréma Ely Dicko, sociologue à l’université de Bamako.
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