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Le mois de mars devait marquer le grand retour des manifestants dans les rues de la capitale, Santiago, après un été austral au cours duquel la mobilisation contre les inégalités sociales au Chili, démarrée fin octobre 2019, avait logiquement faibli. Mais avec la fin des vacances scolaires sont aussi arrivés les premiers cas de coronavirus dans le pays, importés par des touristes étrangers et des Chiliens ayant voyagé en Europe et en Asie.
La Plaza Italia, où se tenaient tous les vendredis des manifestations, s’est progressivement vidée ; le référendum du 26 avril sur la rédaction d’une nouvelle Constitution, pour remplacer celle datant de la dictature militaire d’Augusto Pinochet, a été reporté au mois d’octobre. « La mobilisation est de fait interrompue par le coronavirus, indique Carlos Ruiz Encina, sociologue et président du think tank Nodo XXI, proche de la coalition de gauche Frente Amplio. Pour une société qui a été récemment confrontée au problème de la violence et des morts provoquées par la répression policière, le coronavirus incarne une souffrance supplémentaire. »
Au vendredi 27 mars, le Chili comptait 1 610 cas confirmés de coronavirus, dont cinq mortels. Le président de droite, Sebastian Piñera, a décrété un confinement obligatoire d’au moins une semaine, à partir du jeudi 26, pour sept communes de la région métropolitaine de Santiago. « Dans la mesure où les communes de Santiago sont collées les unes aux autres, je ne comprends pas pourquoi le confinement n’a pas été décidé pour l’ensemble de la région métropolitaine, déplore José Miguel Bernucci, secrétaire national du Colegio médico, principal syndicat de médecins, qui réclamait depuis la mi-mars un confinement de toute la région. Ces mesures sont tardives. Si elles avaient été prises plus tôt, nous aurions pu aplanir rapidement la courbe de nouveaux cas. »
Effondrement des cours du cuivre
« Bienvenue au Chili, où l’économie vaut davantage que la vie des gens. » Sur les réseaux sociaux, les messages de ce calibre se multiplient depuis quelques jours : les Chiliens sont nombreux à s’indigner du manque de réactivité du gouvernement, qui adopte une politique des petits pas, afin de ne pas affecter davantage une économie mise à mal par l’impact du mouvement social sur certains secteurs-clés, comme le commerce et le tourisme. En conséquence du coronavirus et de l’effondrement des cours du cuivre, dont dépend en grande partie l’économie chilienne, les experts prévoient une croissance de 0,5 % au maximum en 2020. Les chutes des Bourses mondiales, début mars, ont également causé de lourdes pertes aux Administrateurs de fonds de pension (AFP) privés auxquels cotisent les Chiliens, et significativement réduit leur capital retraite.
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